Matthieu 3-4 (Mt 3-4) et Genèse 1,2 (Gn 1,2) La vie, entre Galilée et tohu-et-bohu (remarques exégétiques et homilétiques)

Une année nouvelle, tout est ouvert … Tout ?

Non, il y a des réalités qui sont là, du bien et du mal,

une histoire, notre histoire, la mienne, la vôtre, la nôtre,

des réalités dans lesquelles s’inscrit notre histoire …

et des réalités dans lesquelles s’inscrit, pour le croyant,

l’histoire de Dieu, de celui qui est hors histoire,

mais qui s’inscrit dans notre histoire … Noël.

Au commencement, avant le commencement

… « la terre était tohu-et-bohu » … monstrueuse et chaotique,

déserte et vide … « stupéfaction, étonnement », « l’homme est saisi de stupéfaction et d’horreur en présence du vide » (Rashi, selon A. Chouraqui ; Entête, La Genèse, J.C. Lattès, Poitiers 1982, p. 40 … « et la ténèbre à la surface de l’abîme » …

Le vide nous menace, nous angoisse parfois :

chaos, désert, ténèbres, abîme … la réalité avant que les choses soient,

avant ce qui nous arrive en cette nouvelle année.

… L’année nouvelle, l’inconnu, l’avenir peuvent nous faire peur …

… « Mais le souffle de Dieu planait sur la face, à la surface des eaux. » (Genèse 1,2)

« Alors paraît Jésus, venant de Galilée jusqu’au Jourdain, auprès de Jean, pour se faire baptiser par lui … » (Matthieu 3,13)

Le salut vient de la Galilée, … et il retourne en Galilée :

« Ayant appris que Jean a été livré, Jésus se retira en Galilée. » (Matthieu 4,12)

Et que dit l’ange, le messager du Seigneur, devant le vide du tombeau, le néant de la crucifixion ?

« Il est ressuscité des morts, et voici qu’il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez. » (Matthieu 28,7)

La Galilée, c’est notre vie, notre histoire, notre quotidien, notre Église.

La Galilée ?!

« Le mot Galilée … désignait d’abord toute espèce de district ou de région du pays, puis s’appliqua tout particulièrement de la parte (Est) de la Palestine » (P. Bonnard, L’Évangile selon saint Matthieu, Labor et Fides, Genève 1982, p. 48),

« Terre de Zaboulon et de Nephtali … Galilée des Nations ! » (Matthieu 4,15)

« Galilée des Nations », parce que sa « population était extrêmement mêlée » (P. Bonnard)

Ce mélange, n’est-ce pas notre réalité ? Chaos, diraient certains. On ne sait plus qui nous sommes …

Et c’est dans cette réalité que le ressuscité nous rejoint,

le béni, l’oint, le messie, l’envoyé de Dieu,

le « symbole » par excellence (cf. Sabine Petermann, dimanche 5 janvier 2020), le médiateur, celui sur lequel

« les cieux s’ouvrirent et l’Esprit de Dieu descendit comme une colombe » (Matthieu 3,16)

Voici donc la condition croyante :

les menaces du vide, de l’inconnue, de l’avenir, dans la vie de chacun et chacune, celle du pays et de notre monde, celle de notre Église et notre paroisse, menaces de mort et de disparition, de non-être, sont réelles,

mais le souffle de Dieu, le souffle de vie, en Jésus Christ et grâce à lui, plane sur nos existences.

Son abaissement nous relève et fait vivre, quoi qui nous arrive.

L’Esprit de Dieu, sa féminité

Armin Kressmann 2020

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