Avec la Traduction œcuménique de la bible (TOB) ; cerf, Paris 2012 ; en vue de la rencotre Partage et Amitié du 7.5.15 à Bex
Pâques – Dieu solidaire avec l’humain, jusque dans la mort.
Mais après, après la mort ?
Comment supporter la disparition d’un être cher, faire le deuil et affronter sa propre finitude ?
Dans la vie, comment faire avec la mort ?
Dieu, mort ?
« Il n’est pas ici » (Mc 16,6), il n’est plus là.
Les émotions montent :
« Elles s’enfuirent loin du tombeau, car elles étaient toutes tremblantes et bouleversées ; elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. » (Mc 16,8)
C’est ça, la fin, pour les survivants.
C’est ça, la fin, pour Marc. Ou non ?
« … question qui n’a pas reçu sa réponse : comment le livre se terminait-il ? Il est généralement admis que la finale actuelle 16,9-20 a été ajoutée pour corriger l’abrupt d’une fin de livre au v. 8. » (TOB, p. 2168)
Isomorphie, « qui a la même forme ou structure » : en l’occurrence, l’évangile lui-même reflète la réalité humaine et sociale ; il n’est pas possible que ce soit la fin.
Dans le social : une organisation, voire une institution qui fonctionne comme ceux et celles dont elle a la charge, et vice versa. On partage la folie des uns et des autres. L’Église en est un bon exemple.
La question de l’absence et de la présence devient insupportable :
Mais, où est-il ?
La réponse donnée, – « en Galilée (Mc 16,7) ; c’est là que vous le verrez, comme il vous l’a dit (cf. Marc 14,28, « je vous précéderai en Galilée ») », c’est-à-dire dans ta vie à toi -, ne nous suffit pas.
Donc les apparitions de l’ajout.
Marc 16,9-20 comme signe de l’incrédulité biblique :
« … il se manifesta aux Onze, alors qu’ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient cru ceux qui l’avaient vu ressuscité. » Mc 16,14)
Croire en la résurrection ?
C’est une réalité non abstraite, mais tout à fait réelle (pléonasme !) :
« Faites votre travail ! » (Mc 16,15ss) :
- Proclamer l’Évangile et baptiser : la fides quae, la foi qui dit ce qui est cru (quoi ?), on pourrait dire le culte dominical.
- Chasser les démons, parler des langues nouvelles, prendre des serpents dans les mains, boire du poison sans en mourir, imposer les mains à des malades et les guérir : la fides qua, la foi dont témoigne les actes pratiques, la foi qui se pratique dans la vie de tous les jours (comment ?)
Bon, ce n’est pas évident, ni les démons, ni les serpents, ni les poisons … comment affronter ce qui nous hante, nous blesse et envenime le vivre ensemble ?
Vous n’avez pas cru en cette évidence de la présence positive dans votre vie de tous les jours, vous n’avez pas cru en la force de la vie, plus forte que la mort, vous vouliez le savoir, jusqu’au bout, alors voici, par la négativité, la réalité cruelle avec laquelle vous devez vivre : qu’est-ce que vous en faites ?
Sans foi, pas de salut … et la mort vous emportera.
Alors, mieux vaudrait s’arrêter au verset 8 et accepter la mort comme une réalité de la vie,
mieux vaudrait « faire avec », avec l’Ascension, ne pas regarder le ciel (Actes 2,11), l’abîme de la mort non plus (Mc 16,17.18),
mais retourner en notre Galilée, y discerner sa présence, la vie, et voir la beauté du quotidien.
L’Ascension est le pendant de Noël, il s’agit d’incarnation et de nativité ; mais maintenant c’est vous qui devez (re)naître.
Armin Kressmann 2015