Spiritualité

Spiritualité définitions

Spiritualité et spiritualités

C’est la religion qui donne forme, « Gestalt », à notre spiritualité, mais c’est la spiritualité qui donne forme à notre foi. C’est notre spiritualité qui anime notre foi et la fait vivre,

La spiritualité est l’au-delà de « l’institutionnalité », du fait institutionnel, de ce qui est institué et institutionnalisé ; il le « transcende ». Cet au-delà s’appelle « religiosité » quand il vise l’absolu et appelle celui-ci « Dieu ». La spiritualité, pour s’exprimer et se communiquer, a besoin de véhicule. Celui-ci s’appelle « esprit », « souffle » ou « âme », âme ou souffle de vie qui anime ce qui est institué et institutionnalisé. C’est lui qui fait la musique avec les notes de la gamme, la poésie avec les lettres et les mots du langage, des lois il fait du droit et de la justice, et des institutions sociales, de ses chartes et de ses procédures, il fait une communauté vivante. Sans esprit il n’y a que lettre morte. « Esprit » ou « âme » : on l’appelle aussi « identité ». Quand celle-ci est de nouveau institutionnalisée, on peut l’appeler « corporated identity », l’identité de l’entreprise ou de l’institution (dans le sens d’organisation). Plus simplement, je parle de « l’âme » ou de « l’esprit de la maison ». Sans esprit, sans âme, il n’y a pas de personne, non plus. Religion est spiritualité instituée, quête d’absolu et quête de Dieu institutionnalisées. On appelle « Eglises » les organisations qui portent et gèrent ce souci institutionnellement. Leur « corporated identity » s’appelle « Dieu » ou « Jésus Christ ». La spiritualité est donc ce qui anime une institution. Elle est incontournable, mais difficilement saisissable. Elle donne vie aux règles et à la loi. Elle traverse et dépasse l’espace institutionnel. C’est la spiritualité qui fait d’une institution une entité vivante, ce qui s’appelle en droit une « personne morale », avec ses droits et avec ses obligations. Avec la raison, la spiritualité forme la conscience d’une institution. Avec la raison, elle est donc le fondement de sa morale (ou de son éthique, ou de sa déontologie). Ensemble les deux donnent du sens, si ce n’est pas LE sens, et permettent à l’institution de se retrouver dans la diversité des valeurs parfois contradictoires. Celui qui a du sens a aussi l’orientation : il sait où il (en) est, d’où il vient et vers où il va ; il a une histoire et il a un avenir. Il n’est pas perdu.

C’est la spiritualité qui fait de nous ce que nous sommes profondément, au-delà de notre appartenance, notre religion, notre philosophie, nos convictions, notre éthique ou morale. Ce n’est notre religion qui donne forme à notre foi, mais notre spiritualité. C’est elle qui colorie tout et transcende ce qui est donné et ce que nous faisons de ce qui est donné. C’est elle qui transcende les faits. Elle ne se laisse pas posséder, elle ne se laisse pas dire, seulement montrer, c’est-à-dire vivre, en harmonie ou en contradiction avec notre religion, philosophie, morale ou éthique. On pourrait l’appeler notre art de vivre. C’est aussi elle qui peut faire des faits des miracles.

Armin Kressmann 2008 et 2019

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