Institution : « Ensemble des normes qui s’appliquent dans un système social et qui définissent dans ce système ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas. » (Mendras, H., dans Petit, F. ; Introduction à la psychosociologie des organisations ; Privat, Toulouse 1988)
Dans le langage de tous les jours, le terme institution est souvent considéré comme synonyme d’organisation : on parle d’une banque, d’une école, d’un hôpital comme d’une « institution ». En sociologie, ces entités ne sont pas des institutions, mais des organisations :
– L’école Y est une organisation dans laquelle on applique plus ou moins bien les normes édictées par l’institution scolaire
– L’hôpital H est une organisation dans laquelle on applique plus ou moins bien les normes édictées par le système de la santé.
Le système bancaire, le système scolaire, le système de la santé sont des institutions. L’armée, l’école, l’église, la famille … sont des institutions.
Françoise Raynal, et Alain Rieunier ; Pédagogie : dictionnaire des concepts clé ; ESF éditeur, 2ème éd., Paris 2005
Appelons « visée éthique » la visée de la « vie bonne » avec et pour autrui dans des institutions justes. (p. 202)
… la définition de la perspective éthique : viser à la vraie vie avec et pour l’autre dans des institutions justes. (p. 211)
Par institution, on entendra ici la structure du vivre ensemble d’une communauté historique – peuple, nation, région, etc. -, structure irréductible aux relations interpersonnelles et pourtant reliées à elles en un sens remarquable que la notion distribution permettra … d’éclairer. C’est par ces mœurs communes et non par des règles contraignantes que l’idée d’institution se caractérise fondamentalement. Nous sommes par là ramenés à l’éthos d’où tire l’éthique son nom. Une manière heureuse de souligner la primauté éthique du vivre-ensemble sur les contraintes liées aux systèmes juridiques et à l’organisation politique est de marquer, avec Hannah Arendt, l’écart qui sépare le pouvoir-en-commun de la domination. (p. 227)
Cette inclusion du tiers, à son tour, ne doit pas être limitée à l’aspect instantané du vouloir agir ensemble, mais étalé dans la durée. C’est de l’institution précisément que le pouvoir reçoit cette dimension temporelle. Or celle-ci ne concerne pas seulement le passé, la tradition, la fondation plus ou moins mythique … elle concerne plus encore l’avenir, l’ambition de durer, c’est-à-dire non pas de passer mais de demeurer. (p. 228s)
Rawls : « La justice est la première vertu des institutions sociales comme la vérité est celle des systèmes de pensée. »[1]
Le juste, me semble-t-il, regarde de deux côtés : du côté du bon, dont il marque l’extension des relations interpersonnelles aux institutions ; et du côté du légal, le système judiciaire conférant à la loi cohérence et droit de contrainte. (p. 230s)
Paul Ricoeur ; Soi-même comme un autre ; Seuil, 1990
On entendait par institution ces événements d’une expérience qui la dotent de dimensions durables par rapport auxquelles toute une série d’autres expériences auront sens, formeront une suite pensable ou une histoire – ou encore ces événements qui déposent en moi un sens, non pas à titre de survivance et de résidu, mais comme appel à une suite, exigence d’un avenir. (p. 124)
Maurice Merleau-Ponty ; L’institution – La Passivité
Enfin, allez regarder ce que Charly en pense …
[1] A theory of Justice