Le mal est abuser d’autrui pour ses propres fins.
Quand autrui est le tout-autre on peut parler de péché.
Le mal est ne pas reconnaître un même dans l’autre,
à ma ressemblance et à mon image ;
mais le mal est aussi ne pas reconnaître un autre dans le même,
l’autre en soi-même.
Le mal est ne pas reconnaître le mal là où il est l’œuvre,
quand il n’y a pas image ni ressemblance,
quand il y a mal en soi ou absolu.
Le mal est instrumentaliser le mal
pour des fins personnelles, politiques ou religieuses.
Le mal est se taire quand il faudrait parler
et ne pas faire ce qu’on devrait et qu’on pourrait faire,
quand on sait ce qu’on devrait et qu’on pourrait faire.
Le mal est confondre ce qui est avec ce qui devrait être.
Le mal est ne pas reconnaître qu’on ne peut pas vivre sans se rendre coupable.
Le mal est instrumentaliser la culpabilité pour d’autres fins,
notamment politiques ou religieuses.
Le mal est sacrifier des humains pour des principes.
Où est le sens du mal ?
Dans le mal ?
Comme non-sens ?
Ou le mal est-ce vide de sens ?
Le mal serait-ce absence de sens, « Sinnlosigkeit » ou « senslessness » , même pas non-sens, « Unsinn » ou « nonsens » ?
Car non-sens fait sens, il a une positivité : voici du non-sens ! Une forme de transcendance.
Le mal comme abîme qui engloutit tout sens ? Négativité.
Le bien serait-ce donc sens ?
Quand sens il y a, aurait-il alors du bien ?
Et sens ultime, on pourrait l’appeler Dieu ; ou plénitude de sens.
Quelle différence entre sens ultime et plénitude de sens ; sens du sens ?
Donc adoration quête de sens et quête de sens adoration ?
Et adoration sans quête de sens serait mensonge,
mal en tant qu’absence de sens.
Ou sens ultime serait-ce personne, personnalité de toute personnes, de tout être humain ?
Autrui et soi-même personne, Dieu personne.
Donc Dieu pouvant être nommé : « tu », « Jésus » … ?
Le Christ, le sens, et producteur de sens.
Et le renvoi au Père, comme renvoi au sens ultime, ou à sa plénitude.
Lieu, personne, entité d’où vient du sens, le sens en situation, même de non-sens,
et vers quoi tend sens, tout sens, donc orientation.
Le sens de la bible n’est pas dans la bible,
le sens de la parole n’est pas dans la parole.
« Au commencement est la parole, ou le verbe »,
est « Au commencement est ce qui fait sens »,
de nouveau la personne,
renvoi à ce qui est sensé.
L’amour est sensé,
la vie l’est,
Dieu l’est,
tout être vivant l’est :
d’où « Dieu est amour » ou « Je suis la vie ».
Lui et « je ».
Que disons-nous quand nous disons « Dieu avec nous – Emmanuel » ?
Le bien est quand l’autre fait sens.
Et moi aussi.
Et la vie.
Chercher le bien :
chercher du sens en l’autre.
Et dans ma vie.
Prière quand l’autre est tout-autre.
Dieu – sens pour moi.
Dieu fait sens quand Dieu fait sens.
Même et surtout quand il y a vide de sens.
On l’appelle foi.
Affirmer Dieu est refuser absence de sens.
Sens est esprit.
Sens ultime devant le vide de sens est Esprit.
La croix est corps-sens devant le vide de sens.
Résurrection est affirmation de sens devant le vide de sens.
Mort est absence de sens.
Et absence de sens est mort ; « absens ».
Relation qui n’a pas de sens et ne produit pas de sens est relation morte.
Plus, pas de relation.
« Jusqu’à ce que la mort vous sépare … »
Mourir est perdre du sens, ou le sens.
Vie éternelle est garder du sens, ou le sens.
Le problème de notre temps est-ce le non-sens, « Unsinn », ou l’absence de sens, « Sinnlosigkeit » ?
Ni l’un ni l’autre ?
Où est-il donc le sens ? Sans Dieu ?
Dans la relation ?
Qu’est-ce relation ?
Lieu de production de sens ?
Sans sens pas de relation.
C’est la cadre qui définit l’espace de sens.
Le langage, l’institution, la parole, l’église,
espaces d’expression.
L’art, l’éthique, la religion.
La religion comme espace de sens ; ou grammaire, comme pour l’éthique.
Ne la confondons pas avec le sens.
Espace d’expression de quoi ?
De l’esprit, du spirituel, de la relation, du sens.
Jeux d’expression.
Dans tout ce qui est évoqué quand on parle de spiritualité, – STIV ou STIVAR (sens, transcendance, identité, valeurs, appartenance, reconnaissance) -, quelle est la part spécifiquement et proprement spirituelle ?
Le sens et la transcendance ; la ou le « transcendens » …
L’esprit, ou l’Esprit si vous voulez.
Ce qui oriente : d’où et vers quoi, pourquoi et pour quoi ?
Ce qui relie la relation à soi-même et l’autre,
l’entre-deux ou le tiers dans la relation :
à l’image de ou à sa ressemblance.
De qui, de quoi ? Un question de foi.
C’est toujours une question de foi ; ou de confiance.
C’est aussi là où frappe le mal.
Il coupe la relation, l’entre-deux, l’esprit, le sens.
Il viole ou élimine l’autre.
Armin Kressmann 2013