Le mal est …
… abus (« mauvais usage ») d’autrui pour ses propres fins
… ne pas reconnaître un même en l’autre
… et un autre dans le même
… ne pas reconnaître le mal où il est l’œuvre
… se taire quand il faudrait parler
… et parler quand il faudrait se taire
… ne pas reconnaître le mal en soi
… ni le bien en soi
… ne pas faire ce qu’on devrait et qu’on pourrait faire
… confondre ce qui est avec ce qui devrait être
… ne pas reconnaître son impuissance quand on sait plus quoi et comment faire
… ne pas reconnaître sa propre culpabilité (« coulpe »)
… ne pas reconnaître qu’on ne peut pas vivre sans se rendre coupable
Quand l’autre est tout-autre, on parle de péché.
Le mal est …
… instrumentaliser le mal pour ses propres fins, personnelles, politiques, religieuses
… instrumentaliser la culpabilité (« la couple ») pour d’autres fins, personnelles, politiques, religieuses
sacrifier des humains pour des principes
… quand il n’y a pas d’image , ni de ressemblance
Le péché et la question du sens
Où est le sens du mal ?
Dans le mal ? Comme non-sens ou absence de sens ?
Le mal comme absence de sens, même pas de non-sens ?
Le gouffre qui absorbe tout ce qui est et fait sens ?
Le bien, serait-ce donc sens ? Ce qui a et fait sens ?
Quand sens il y a, aurait-il du bien ?
Sens ultime égal Dieu ?
Donc adoration comme quête de sens ?
Alors adoration sans quête de sens mensonge ? Voire mal parce qu’absence de sens ?
Sens ultime égal personne !
Donc autrui et soi-même personne, faisant sens, toujours.
Dieu personne !
Quel nom ?
Un nom qui indique Dieu.
Le Christ, producteur de sens ; humain, pleinement : Jésus Christ. Sens lui-même, personne, pleinement, ultime, Dieu.
Et le renvoi au Père, toujours, renvoi au sens : transcendance.
D’où vient sens et vers qui tend sens : orientation.
Le sens de la bible n’est pas dans la bible,
le sens de la parole n’est pas dans la parole,
« ‘au commencement est la parole’ est au commencement » est ce qui fait sens, renvoie à ce qui est sensé : personne.
Personne ultime : Dieu.
L’amour est sensé,
la vie l’est, Dieu l’est,
tout être vivant l’est.
D’où « Dieu est amour » et « Je suis la vie ».
Que disons-nous quand nous disons « Dieu avec nous » ?
Le bien : quand l’autre fait sens ?
Chercher le bien : chercher du sens en l’autre ?
Toujours cette transcendance.
Prière quand l’autre est tout-autre.
Dieu : sens pour moi, sens pour nous, nous t’en prions.
Dieu fait sens quand Dieu fait sens.
Dieu-sens dans l’absence de sens.
Affirmer Dieu est refuser absence de sens.
Sens est esprit, sens ultime dans l’absence de sens est Esprit.
La croix est corps-sens dans l’absence de sens.
Résurrection est affirmation de sens dans l’absence de sens.
Mort est absence de sens. Mort est mal.
Absence de sens est mort.
Relation qui n’a pas et ne produit pas de sens est relation morte.
Mourir est perdre de sens, mort sens perdu, vie éternelle garder du sens, garder le sens, devant la mort, dans la mort.
Notre temps, est-il « unsinnig » ou « sinnlos » ? Ni l’un, ni l’autre.
Où est-il donc le sens ?
Dans la relation ?
Qu’est-ce relation ?
Lieu de production de sens.
Sans sens pas de relation.
Spiritualité, religion, art et éthique
Dans tout ce qui est évoqué quand nous parlons de spiritualité, quelle est la part spécifiquement et proprement spirituelle ?
Sens, transcendance, identité, valeurs, appartenance, reconnaissance, rites …
Esprit. Respire !
Ce qui transcende et donne sens, ou orientation : d’où et vers quoi, pourquoi et pour quoi ?
Ce qui relie, relation, à soi-même et à autrui : l’entre-deux, l’esprit ou le tiers dans la relation (le « père »).
Identité, comme réalisation de soi-même, valeurs, appartenance, reconnaissance, elles sont entre deux, entre le spirituel et le psychosocial, selon la vision qu’on a et qu’on défend. Nous nous approchons de la science.
Religion, comme cadre et espace de sens, « grammaire », comme l’art, autrement, et l’éthique.
Spiritualité : art, religion et éthique
Religion : foi en une transcendance ultime, source de sens et vers quoi ou qui tout sens tend, ainsi que spiritualité instituée, contenue, régulée, formalisée, mais parfois aussi enfermée, voire trahie ; se pointe le mal.
Dieu reste abscons.
Cependant, quand le tout autre n’est pas reconnu, peut-on reconnaître l’altérité de l’autre ? Et l’individualité et l’unicité de soi-même ? Dans la ressemblance au même ?
Psychologie et spiritualité
La réalisation de soi et la réalisation de l’autre.
Et la réalisation de soi-même par soi-même et par l’autre.
Sans instrumentalisation de l’autre.
La psychologie a comme objet (ou sujet, selon) : la vie saine et son expression dans le monde, comment celui-ci est reçu, approprié, vécu. Le regard est porté sur le moi dans le monde, le moi affecté, agissant et réagissant à mon monde.
Pour la spiritualité le regard est porté sur « mon monde » et comment je le conçois et je le vis, le monde et les autres qui constituent mon monde :
Qu’est-ce qui me transcende et quel est le rapport que j’entretiens à ce qui me transcende ? Y a-t-il une limite et y a-t-il quelque chose ou quelqu’un de l’autre côté ? Si oui, quel est mon rapport avec lui ?
Quel est le sens, de ma vie, de ce que je suis, de ce que je fais ? D’où vient-il ? Vers quoi m’oriente-t-il ?
Mon identité ? Qui suis-je ? Quel est mon nom ? Quelle est la part du monde que je me fais mienne et qui me constitue ? Et qu’est-ce qui me transcende, de ce monde, hors monde ? Quel jeu jouer entre mêmeté, – ressemblance et identité -, et différence et altérité ? Quel rapport entre rôles et personne, et qui le détermine ?
Et quand orientation il y a, quels sont les repères ? Mes maximes, mes principes et mes valeurs ?
A quoi j’appartiens, à qui j’appartiens, à qui je me soumets, je m’assujettis pour devenir et être sujet ?
Et finalement, dans quelle mesure la part du monde dans laquelle je me reconnais me reconnaît, comme étant une part d’elle-même ? La question de la reconnaissance, du dû et de la grâce.
Armin Kressmann 2014