Miracle et sens de la vie

« Im Wunder selbst soll Sinn gefunden werden. »

écrit Walter Schmithals, Wunder und Glaube, Neukirchen 1970, p. 24

« C’est dans le miracle que du sens doit être trouvé. »

Cette affirmation, – quand nous prétendons que l’événement du miracle est événement « ordinaire » ayant lieu dans le monde et que c’est seulement le regard sur l’événement qui le rend extraordinaire, donc miracle -, est-elle en contradiction avec la conviction que nous avons exprimée en disant que « le sens est hors monde et le transcende » ?

Je pense que non. Pourquoi ?

Trouver du sens dans le monde ne veut pas dire que celui-ci a du sens en soi. Le monde en soi n’a pas de sens, de non-sens non plus, par ailleurs ; il est tel qu’il est, fait (« Tatsache »).

Mais sens peut lui être attribué, donné de l’extérieur, en quelque sorte y être déposé, à travers le regard porté sur lui justement, tel qu’il est. Et l’action qui en découle, toujours dans le monde, peut aussi être « pleine de sens », sans que ce sens ait son origine dans le monde. Mon regard sur le monde change le monde, pour le pire et pour le meilleur, et quand c’est le meilleur, je peux l’appeler miracle :

Sur la question posée à Jésus par les disciples face à la réalité du handicap de l’aveugle de naissance :

« Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle, lui ou ses parents ? »

Jésus répond :

« Ni lui ni ses parents. Mais c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. »

Évangile selon Jean, chapitre 9, versets 2 et 3

Ce qui se manifeste et devient miracle n’est pas œuvre d’homme dans sa mondanité, mais œuvre de Dieu, donc œuvre dont la source est hors monde, tout en étant effectif dans le monde : manifestation de la transcendance, de Dieu dans le monde, épiphanie.

Quel sens, demande Walter Schmithals :

« Welcher Sinn ? Natürlich nicht der Un-Sinn eines Mirakels !

… es ist der Sinn des Zeichens, des kräftigen Hinweises auf den, der das Wunder tut ; der Sinn der Krafttat, der Begenung mit der in Jesus sich manifestierenden heilsamen Macht Gottes. Alle reinen Wundergeschichten des Neuen Testaments entfalten bis in die Einzelzüge der Erzählung hinein diesen ihren Sinn : Jesus befreit den, der ihm vertraut, von der Knechtschaft des Bösen ; er bricht die Macht des Dämonischen, der Sünde, des Leidens und des Todes und führt aus der Angst vor Hölle, Tod und Teufel zu Gerechtigkeit, Friede und Freude im Heiligen Geist. …

Dabei liegt ihr Sinn (le sens des miracles, AK) tiefer als auf der Ebene des wundersam Anschaulichen. Die Geschichten von den Blindenheilungen wollen nicht sagen, dass Gott auch Blinden gegebenenfalls das Augenlicht wiedergeben kann. … Die Dämonenaustreibungen laden nicht zu dem Glauben ein, Gott vermöchte von Besessenheit und Wahnsinn zu retten. Vielmehr spiegelt sich in den bestimmten einzelnen Zeichen und Machttaten jesu gleichnishaft die ganze Botschaft des Evangeliums wieder : dass Jesus gekommen sei, Sünder selig zu machen, Gefangenen Freiheit zu bringen, aus dem Tod zum Leben zu führen …

Sie bezeugen das gegenwärtige Wirken des in der Christlichen Verkündigung handelnden Herrn an den blinden, verwirrten und unfreien Menschen. »

Walter Schmithals ; Wunder und Glaube ; Neukirchen 1970, p. 24s

Le sens des miracles, donné de l’extérieur, – Dieu comme extériorité par excellence -, se manifeste dans le monde, à l’intérieur, au sein et dans l’humanité, – Jesus comme humanité et intériorité par excellence. Ainsi la vie en face et devant la mort, la dignité humaine en toute misère humaine (non pas la dignité de la misère, attention) et la liberté dans toute contrainte, oppression, discrimination et soumission, malgré et contre tout, est miracle et source de nouveau miracle possible, dans ce monde, espérance et résurrection potentielle, et réelle dans une nouvelle action, qui s’appelle finalement conversion. Le miracle c’est moi, le fait que j’existe, que je suis plutôt de ne pas être. Et que j’y crois ! Confiance. La foi n’a pas de handicap.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais ; il en fera même de plus grandes … »

Évangile selon Jean, chapitre 14, verset 12

Dans ce sens aussi l’éthique est transcendantale.

Armin Kressmann 2010

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