Le mal

Qui a compris la radicalité des camps de concentration décrite et analysée par Hannah Arendt, commence à « comprendre » ce qu’est le « mal » : il n’y a rien à comprendre ! Je m’explique : mal il y a quand il y a non-sens, mal radical, quand il y a mal radical sans aucun sens, quand il y a souffrance infligée sans aucune raison, anéantissement sans raison, condamnation sans crime, disparition sans condamnation, rien à comprendre, juste mal, même pas mal pour mal, parce que là il y aurait encore raison, le mal. Enfer sans mal. « Sinnlosigkeit », vide de sens. Constitutif est donc le lien entre bien/mal et sens/non-sens. Reste : qu’est sens, qu’est-ce qui fait sens ? Perspective de vie ? Et nous sommes renvoyés à la vie et la mort…

D’où le constat impératif : fin de vie est vie, mourir est vie, et non pas mort. Donc attention à notre posture, notre attitude face à la mort : « c’est vie, aussi longtemps qu’il, ou elle, n’est pas mort.e ! » Et mort est, tout simplement, quand il n’y a plus de vie.

Le mal radical : autrui banal, superflu, quand il est éliminé, rien n’est éliminé. Il n’existe pas, il n’a jamais existé. Rien ne disparaît. Pas de tombe, pas de mémoire. Rien à dire, rien à justifier. Où est le problème ? Il n’y en a pas. Passons…

« Le mal radical, on ne peut ni le comprendre, ni l’expliquer, ni le punir, ni le pardonner » (Hannah Arendt).

Pour cela, il faudrait des raisons et des arguments ; il n’y en a pas.

« Die Angst vor Konzentrationslagern geleitete Einsicht in die Natur totaler Herrschaft könnte dazu dienen, alle veralteten politischen Differenzierungen von rechts bis links zu entwerten und neben und über sie den politisch wesentlichsten Massstab für die Beurteilung von Ereignissen in unserer Zeit einzuführen nämlich: ob sie einer totalen Herrschaft dienen oder nicht. » Hannah Arendt

Armin Kressmann 2023

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