Job – Jésus

Les personnages bibliques, ne sont-ils pas aussi des figures dans lesquelles nous pouvons, souhaitons ou craignons nous retrouver ? Si c’est le cas, ils nous disent quelque chose sur nous-mêmes, notre caractère, notre fonctionnement, notre foi. Comme nous aimerions être ou ne pas être. Mais pas seulement. Ils nous nous disent aussi quelque chose sur Dieu. Son être, son fonctionnement ? Cela peut être redoutable. Sans parler d’Abraham ou de Jésus, le « père des croyants » et le « fils de Dieu », prenons par exemple Job. Par rapport à lui, le texte nous dit que Dieu entre dans une sorte de marché avec l’adversaire et laisse celui-ci à éprouver Job. Et cette épreuve est tout autre que celles que vit Jésus. Les deux sont éprouvés dans leur foi, leur confiance en Dieu. Mais pour Jésus, quand il est éprouvé par l’adversaire, c’est plus abstrait, c’est plus spirituel que physique. C’est presque un « exercice spirituel ». Ça change, évidemment, quand il est mené à et cloué sur la croix. Mais là, il n’est plus question d’adversaire, de Satan qui éprouve, et Dieu est absent. Ça devient une affaire humaine, et le conflit spirituel se vit entre Dieu et Dieu, subissant l’inhumanité de l’homme. Pour Job par contre, l’épreuve est matériel, physique et charnelle, et elle est tolérée par Dieu. Dieu ne subit pas, c’est Job qui subit, et Dieu est « d’accord ». La proximité entre Dieu et l’adversaire y est redoutable, elle m’intrigue. Dans nos épreuves, qui est l’adversaire ? « Que ta volonté soit faite ? » Quelle est ta volonté, Seigneur ? Et la traduction du Notre Père, la nouvelle, « ne nous laisse pas entrer en tentation » décharge Dieu, là où il pourrait avoir une part, sa part de responsabilité. Seigneur, ne me soumets pas à la tentation. Pas tout est de ma faute. C’est Job qui me l’a appris, plus que Jésus. Grâce soit rendue à Job.

Armin Kressmann 2023

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