Je suis raciste

Être raciste ou anti-raciste, vous devez choisir. Il n’y a pas de troisième voie, il n’y a pas de neutralité. Le silence nous rend coupable. Sexiste ou anti-sexiste ? Homophile ou homophobe ?

Qui voudrait renier les dérives du combat antiraciste et le racisme de certains antiracistes ? De même pour le sexisme la xéno- ou l’homophobie. Mais, de l’autre côté, qui peut se dire entièrement libre de racisme (qui est la coquille vide, donc le réceptacle et le terme générique pour toutes ces phobies, jusqu’à l’antisémitisme ; ou le tombeau vide de Pâques, lieu de mort ou lieu de vie) ? Dire «je ne suis pas raciste» est déjà une forme de racisme, parce qu’il écarte toute réflexion sur soi-même et son racisme potentiel, conscient ou inconscient. Je me connais trop bien pour discerner en ce que je suis, ce que je pense et ce que je fais des mécanismes de discrimination, mon sexisme, ma xénophobie, mon homophobie, mon rejet d’altérité. Renier que j’ai été et que je suis «ainsi construit», et vous, Suisses, Européens, etc., gens de notre génération, «amisEs fb», serait renier notre identité. Je me rappelle p.ex. de notre manière de traiter et regarder les travailleurs italiens dont nous avons «proftés» dans les années soixante, septante, huitante … ou la stérilisation des femmes en situation de handicap, sans leur consentement, jusque dans les années soixante … ou … l’accès de «nos» femmes aux droits civiques … ou … aujourd’hui, notre rapport avec les musulmans … ou … les juifs … ou … les Africains … les migrants … Donc renier notre «racisme systémique» est renier la réalité. Mon antiracisme est un combat contre moi-même, pour préserver et faire évoluer ce qui en moi, – aussi fruit de mon éducation, donc de notre civilisation, chrétien et kantien que je suis dans l’âme, je l’espère au moins -, me fait comprendre ce que je suis profondément et comment je fonctionne. Et c’est la seule voie pour sortir de mes phobies … Théologiquement cela s’appelle «confession du péché», pas des péchés, mais du péché. Mais du péché, on n’en parle plus, comme on n’ose pas se dire raciste et combattre ouvertement le racisme. Au mieux on confesse ses péchés ; mais se sont des peccadilles.

Armin Kressmann 2020

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.