Le modèle bio-psycho-socio-spirituel de la vie (spirituelle) et l’accompagnement spirituel

Le modèle des quatre dimensions spirituelles établies et développées à partir des deux axes intériorité/extériorité et immanence/transcendance nous permet de poser les enjeux, encore hypothétiques, de l’accompagnement spirituel :

1. Toutes les dimensions de l’existence de la personne humaine participent à sa vie spirituelle :

a. Le physique (bio-)

b. Le psychique (psycho-)

c. Le social (socio-)

d. L’explicite spirituel (spirito-)

Autrement dit, le spirituel a besoin d’un support physique, psychique et social.

2. Dans les quatre dimensions ce qui est spécifiquement spirituel est le fait consciemment posé qu’il ne s’agit pas seulement d’un homme (« Mensch ») dans une situation donnée (d’un « cas » particulier), mais de l’homme (« ecce homo »), devant :

a. L’homme corps, en soi

b. L’homme devant lui-même

c. L’homme devant l’autre, dans les corps sociaux formés

d’hommes

d. L’homme devant l’ultime ou l’absolu

3. La spécificité de l’accompagnement spirituel résiderait en conséquence dans le fait que l’accompagnant ne se trouve pas seulement en face d’un autre être humain, avec sa vision de cet autrui dans sa situation à lui, sa théorie ou son anthropologie de l’autre et de la situation dans laquelle il se retrouve, mais se trouve à côté ou à la même place que celui qu’il accompagne, devant :

a. Lui-même, corps

b. Lui-même personne, psychè

c. Autrui et avec autrui devant autrui et les différentes

communautés « d’autruis » qui s’organisent aussi institutionnellement

d. Le tout-autre, l’ultime, l’absolu, le transcendant, ce qui échappe à l’homme

4. Le dit « explicite spirituel », la quatrième dimension, met l’homme devant la question de l’homme (« Soi-même comme un autre », P. Ricœur ; « Der Mensch an des Menschen Statt », donc quelque part figure « jobienne » ou christologique, l’homme devant Dieu), l’homme philosophique, anthropologique ou théologique, là où les trois autres s’adressent davantage à l’individu homme spécifique[1]. Comment se situer particulier dans l’universalité de l’existence humaine ?

5. L’accompagnement spirituel résiderait donc dans l’accompagnement :

a. De le prise de conscience que le moi est corps (ob-jet, voire ob-stacle)

b. Que ce corps, moi, est un « je », qu’il y a quelque chose qui transcende le corps

c. Que ce moi fait partie d’un nous (qui le fait aussi « moi » et « je », face à toi et eux)

d. Que ce « je » se trouve devant un « tu »[2], qu’il est lui-même un « tu », appelé à être et rester « je », même là où il perd sa consistance dans les trois autres dimensions (« La dignité humaine est inaliénable », « Die Würde des Menschen ist unantastbar » ; « Grundgesetz » allemand)

Armin Kressmann 2010

Le métier d’accompagnant spirituel


[1] Sans que je veuille pourtant nier le côté universel aussi dans ces dimensions, – au contraire, parce que c’est ici que chacune de ces autres dimensions participe à l’accompagnement spirituel -, mais universel seulement dans sa biologie, donc corporel, dans sa psyché et son état social, et non pas universel universel, devant ce qui transcende les trois autres.

[2]Rosenzweig, Buber

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