« Personnes mentalement handicapées »

Nous n’avons pas, nous n’avons plus de mot pour nommer les personnes mentalement handicapées. Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose.

Elles font partie des personnes handicapées, c’est une évidence, des personnes qui par une propriété donnée, une déficience ou une incapacité peuvent se retrouver, pour ne pas dire sont amenées, en situations de handicap, selon la nouvelle terminologie (CIF). Mais nous n’avons pas de catégorie propre pour parler de ceux et celles qui n’ont qu’un (!) déficit intellectuel.

Pour la plupart des « handicaps » il y a un terme spécifique : aveugle, sourd, paraplégique, etc. Il n’y en a pas pour les personnes mentalement handicapées.

Autrefois, on disait « idiots » ; mais ce terme, à part d’être tellement connoté négativement, au fond, ne veut rien dire.  La racine id- de l’indo-européen wi- ne dit rien d’autre que « particulier », en grec idios ; les idiotês sont des gens particuliers, simples.

N’existe-t-il pas de catégories pour ces personnes parce qu’elles-mêmes, dans nos représentations n’existent pas ? « Amentes sunt« , ce sont des a-mentaux – n’en parlons pas, pas besoin d’en parler ?

Si intégration de ces personnes, donc présence et implication dans nos différents lieux de vie, de travail et de loisirs, il y avait, l’absence d’un terme serait un bon signe. Avec l’exclusion et l’enfermement par contre elles sont évacuées de nos pensées et de nos esprits. C’est nous qui nous faisons a-mentaux, parce que, probablement, leur présence nous confronte trop à nous-mêmes. Cette attitude s’appelle aussi antisémitisme ou racisme.

Armin Kressmann 2010

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