Axiomes et postulats sur le handicap

Au niveau des représentations, le « handicap » surgit là où il y a confrontation de déficience, d’incapacité, voire de simple différence, avec « institution », avec le fait institutionnel (l’ordre social institué, c’est-à-dire avec une dimension de droit positif, lois, normes et règles). C’est le postulat principal de mes recherches.

Il s’inscrit dans un enchaînement d’axiomes et d’autres postulats :

–  Tous les êtres humains sont des humains. Cela semble évident, voire trivial, mais ne l’est pas quand on admet que c’est la reconnaissance comme humain qui nous rend humain devant les humains.

« La remise en cause de la qualité d’homme provoque une revendication quasi biologique de l’appartenance à l’espèce humaine. Elle sert ensuite à méditer sur les limites de cette espèce, sur sa distance à la ‘nature’ et sa relation avec elle, sur une certaine solitude de l’espèce donc, et pour finir, surtout à cnocevoir une vue claire de son unité indivisible. » (Robert Antelme ; L’espèce humaine ; Gallimard, Paris 1957, p. 11)

– Tous les humains sont des personnes.

– Nous sommes tous concernés et sollicités par le phénomène « handicap », tous  confrontés aux questions qu’il pose, dans notre humanité et dans notre personnalité.

– Le phénomène « handicap » nous interpelle dans notre essence, notre soi-même (« self » ou « Selbst ») et notre compréhension de nous-mêmes. Il rend aiguë et problématique la distinction entre l’avoir et l’être, ce que nous avons et ce que nous sommes.

– Il nous touche dans notre existence.

– Il nous place devant une transcendance (quelqu’un ou/et quelque chose qui nous dépasse ; « Dieu »).

– Enfin, l’institution, dans le sens le plus vaste, est la clé du phénomène « handicap », du fait « d’être ou ne pas être handicapé ». C’est l’institution, le fait institutionnel, la confrontation avec ce qui est institutionnalisé qui produit le handicap. Ce qui dérange l’institution est handicapé.

– Le phénomène « handicap » pousse toute institution à sa limite ; il met les institutions, – le langage, la pensée et la raison, la philosophie et la théologie, la loi et le droit, l’éthique, la médecine, l’école, la famille, l’État, l’Église, l’éducation, le mariage, etc. -, en situation de handicap.

– Mais c’est aussi l’institution, – en quelque sorte en tant que méta-institution, donc à un niveau supérieur  -, qui permet aux institutions d’assumer le phénomène handicap.

Armin Kressmann 2010

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