Transmission de savoir et catéchèse existentielle

Pourquoi faire du catéchisme ? Qu’est-ce la foi ?
Que voulons-nous transmettre ?
Quelle est la base du travail catéchétique en Eglise ?

La bible ! Jésus Christ !

Tout le monde est d’accord. Mais la bible, Jésus Christ Parole, est-ce parole transmise ou parole incarnée ou parole acte ? Qu’y a-t-il ici et maintenant, parmi nous, pour nous ?

D’abord il va du salut, de ton salut !

C’est totalement démodé !

Alors, disons : de ton existence, de ta vie, de ton bonheur ou de ton malheur, du succès et de l’échec. Il va du sens que tu donnes à ta vie, ce vers quoi tu tends. Veux-tu réussir ta vie ?

Oui, bien sûr ! Qui ne le voudrais pas ?

Et pourtant l’échec est omniprésent ; tu le caches peut-être. Tes doutes, tes notes, ton corps, ta santé, tes biens, le regard des autres, ton regard sur toi, et les autres, ta carrière, les critiques, l’âge, ton poids, tes relations, ta santé, ta vie affective, … et j’en passe … Est-ce que tu maîtrises tout cela ?

Si oui, je t’attends ; reviens, après ton premier échec ou au moment où tu pourras admettre ton dernier.
Sinon, parlons-en ; combien de fois t’es-tu senti nul ? Et combien de fois as-tu cru, à tort ou à raison, que les autres pensent que tu es nul ?
Si tu crois maîtriser, tu es nul, d’accord, parce que tu n’arrives pas ; mais si tu lâches prise, tu n’es pas nul. Au contraire, tu va saisir quelque chose, peut-être le sens de la vie.

Voilà, c’est la première étape, même si on n’ose pas la présenter comme telle, aujourd’hui, en catéchèse. Elle est profondément existentielle : c’est la condition humaine ! Le péché, porter sa croix, le salut, etc. disait-on autrefois. Aujourd’hui, menons les adolescents (c’est différent pour les enfants, qui, en général, admettent la fragilité dans leur dépendance) en des situations qui démontrent l’évidence de l’échec, ou disons plutôt la fragilité et la vulnérabilité de la vie et de l’existence, sans faire du mal bien sûr, car du mal, dans la vie, il y en a déjà assez (c’est la seule différence qu’il devrait avoir entre la vie et la catéchèse). L’enjeu de la catéchèse, c’est l’enjeu de la vie, c’est-à-dire la menace de la mort.

Et on arrive à la deuxième étape.

S’il y avait une autre issue que celle de faire semblant de tout maîtriser ?

C’est là qu’on peut commencer avec cette parole référence, l’Evangile, la bible, comme un système de navigation.

Tu te rappelles de cette histoire, de cette parole, biblique ou autre, donnée, prononcée, dans telle ou telle situation ? N’y a-t-il pas une piste, pour toi, dans ta situation ? Saisis-la, aies confiance ! Lance-toi, vas-y, quand même ! Espère contre toute espérance ! Parce que tu vaux la peine, parce que tu es connu et reconnu, malgré les échecs, malgré ta faiblesse. Et moi, j’essaie de t’accompagner dans cette aventure, dans ma faiblesse et ma fragilité à moi.

Nous avons alors deux tâches fondamentales à accomplir en catéchèse :

1. Une qui est existentielle, comme au temps du Catéchisme de Heidelberg, avec sa première question :

Question 1 : Quelle est ton unique consolation dans la vie et dans la mort ?

2. L’autre est de l’ordre du savoir, l’Evangile comme moyen, comme système de références pour naviguer dans cette vie qui n’est pas facile. Le Catéchisme de Heidelberg poursuit :

Question 2 : Combien de choses dois-tu savoir pour vivre et mourir bienheureux avec cette consolation ?

« Fides qua creditur », comment vivre sa foi dans sa vie, comment l’incarner, comment agir, parler ou se taire ? Et « fides quae creditur », que crois-tu, sur quelle base, sur quelle conviction mènes-tu ta vie ? Dis-moi ta foi et comment elle s’articule avec la foi dont témoignent les personnages bibliques et les autres témoins de l’histoire de la foi !

Ce n’est que la dernière que nous pouvons transmettre, et encore, parce que l’appropriation se fait sans nous, par grâce ; pour l’autre, c’est aussi la grâce qui doit agir, pour en faire Parole de Dieu vivante, Dieu parmi nous.

Ce n’est qu’à celui qui a soif que nous pouvons donner à boire ; l’enfant parce qu’il veut grandir, l’adolescent quand il comprend qu’il n’est pas le plus grand. Pour l’adulte, c’est encore plus difficile.

Transmission de savoir ou catéchèse existentielle ? Il y a un temps pour tout.

La base, la base de la catéchèse, c’est la vie. Et le sens de la vie est sa finalité.

Armin Kressmann 2002

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