Matthieu 23,1-12 (23 ; Mt 23,1-12.23) – Dimanche de la Réformation « Ne soyez pas hypocrites » : notes exégétiques et pistes de prédication (commentaire)

Matthieu 23,1-12 (23 ; Mt 23,1-12), le texte (TOB, traduction œcuménique de la bible)

(avec la TOB (Traduction œcuménique de la Bible) ; André Chouraqui ; Matyah, Evangile selon Matthieu ; JClattès, 1992 ; Pierre Bonnard, L’Évangile selon Saint Matthieu, Labor et Fides, Genève 1982 ; et wikipédia)

23,1-12 Portrait polémique des scribes et pharisiens

23,13-31 Une série de lamentations à leur sujet

23,32-33 Deux invectives d’une rare acuïté

23,34-36 Terrible annonce du jugement : «Une sorte de prophétie terrifiante dans laquelle

le Christ matthéen fait savoir à ses interlocuteurs qu’il vas les prendre au piège de leur propre fureur. » (P. Bonnard) 

Le contexte :

22,15-22 Le tribut à César

22,23-33 A la résurrection des morts

22,34-40 Le plus grand commandement

22,41-46 Le fils de David et son seigneur

23,1-36 Invectives contre les pharisiens

23,37-39 Lamentation sur Jérusalem

24,1-3 Annonce de la destruction du temple

24,4-14 Le commencement des douleurs et la fin :

« … celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. 14 Cette Bonne Nouvelle

du Royaume sera proclamée dans le monde entier ; tous les païens auront là un témoignage. Et alors viendra la fin. » (Matthieu 24,13-14 TOB)

« La fin de l’économie présente et l’instauration définitive du royaume de Dieu. » (TOB, p. 2367)

24,26-35 L’avènement du Fils de l’homme

24,36-44 Nul ne connaît le jour : veillez !

24,45-51 Le service fidèle

25,14-30 Les talents (Dimanche 9 novembre 2014)

Donc un parcours

du monde : le tribut à César

au travers

  • « le Dieu des vivants » (22,32)

  • le double commandement d’amour

  • le jugement (23,23) : « la justice, la miséricorde et la fidélité ; c’est ceci qu’il fallait faire, sans négliger cela (la pratique traditionnelle de la dîme). »

  • la fin : le royaume (24,14) et l’avènement du Fils de l’homme (24,26ss)

au royaume, le monde nouveau : le service par les talents.

Et le prix ? La croix !

Sont christologiquement reliés la question de l’argent et le service, le monde et le monde nouveau (le royaume).

« La tension avec les chefs du peuple ne cesse de croître jusqu’à ce chapitre 23, où elle déborde enfin en invectives. » (P. Bonnard)

L’actualisation ? Quels sont les destinataires actuels, quel est le front polémique aujourd’hui ?

Évidemment, fidèle au contexte du texte, il est intra-ecclésial ; c’est moi comme pasteur et théologien qui suis visé, ou, dans la vision du sacerdoce universel, chaque chrétien. Quand on parle d’éthique, tout homme est visé et concerné : quelle est la cohérence entre le dire et le faire ?

Pour Bonnard, chez Matthieu, nous sommes dans

« une Église de judéo-chrétiens qui pensaient encore pouvoir suivre simultanément l’enseignement des scribes et celui des catéchètes chrétiens. Matthieu concède encore que les pharisiens et les scribes sont assis dans la chaire de Moïse, leur enseignement fait autorité (v. 3a). »

Dans quelle mesure sommes-nous et devrions-nous être judéo-chrétiens ? Y a-t-il, fondamentalement, d’autres chrétiens ?

Cela nous amène aussi, par rapport au dimanche de la Réformation, à la question œcuménique : ne sommes-nous pas, ne devrions-nous pas tous être et rester catholiques ? Qui sont les « meilleurs » catholiques, les catholiques ou les protestants ? Sous l’angle de la « fides qua », de la foi en action, tout simplement ceux et celles qui servent le Christ vivant, indépendamment de la confession, voire de la religion. Ainsi conçu et compris, le christianisme n’est plus une religion, mais une, et seulement une, simple attitude de vie.

« Ce qui est reproché aux scribes et pharisiens, ce n’est pas leur doctrine, mais leur hypocrisie. »

23,1 « Jésus n’attaque pas la doctrine pharisienne pour elle-même ; il se place entre la peuple et ses chefs traditionnels pour contest l’autorité des seconds sur les premiers. »

Chefs – Jésus – Peuple

Pasteur – Parole – Paroisse

« C’est cette contestation qui a conduit Jésus à la mort … »

v. 2 « la chaire de Moïse », l’autorité officielle

« Jésus n’attaque ni l’institution du rabbinat en elle-même, ni des hommes qu’il accuserait d’être de faux scribes.

Le Christ matthéen recommande de respecter le ministère des scribes.

Matthieu espère encore pouvoir éviter la rupture complète avec la synagogue. »

Donc un critique par loyauté ; pour nous, se dégage une autre forme d’œcuménisme et d’interreligiosité.

Que veut dire être chrétien ?

Au fond, nous sommes tous juifs ?!

v. 3-4

« La première accusation de Jésus contre ses adversaires est celle de l’inconséquence : leur enseignement est valable mails ils lui sont eux-mêmes infidèles.

Les rabbis sont les enseignants ordonnés du peuple ; ce qu’ils disent n’est pas faux. »

« faire »et « garder ont la même signification : garder un enseignement, c’est la garder en mémoire et le mettre en pratique.

« les oeuvres » : toute la conduite des pharisiens, l’ensemble de leurs actes

« fardeau » : « joug de la Tora », « joug du Règne des cieux »

Didachè, dans la conscience chrétienne :

« Si, en réalité, tu peux porter tout entier le joug du Seigneur, tu serais parfiat ; sinon, ce qui t’est possible, fais-le. »

Ce n’est pas l’impuissance ni la faiblesse des pharisiens qui est dénoncée, mais leur mauvaise volonté.

v. 4 « Fardeaux » : l’ensemble des prescriptions légales, dont les scribes étaient les gardiens

v. 5-7

La deuxième accusation : les pharisiens font tout « pour être vus des hommes »

Le Christ comme maître : une limite imposée aux enseignants/maîtres qui les inspère comme apprenants et frères dans la communauté.

v. 7 « maître » … rabbinique

v. 8-10

« Un noyau de règle pour la vie communautaire décrivant un esprit de fraternité.

Ces versets démarquent l’autoritarisme hypocrite et la vanité religieuse, … une usurpation des droits du Christ sur son Église : ce ‘didascale unique’ est ici certainement le Christ, l’interprète eschatologique de la loi. 

Vous n’êtes pas liés par une adhésion tout humaine à un rabbi, ni même par une commune soumission à une doctrine ; vous êtes frères par votre appartenance au seul vrai Maître … (avec son) fondement dans la paternité de Dieu. »

v. 8 « votre rabbi est unique », non pas un homme, mais Dieu lui-même : l’unicité de

Dieu, seul maître, est la garantie de la plus grande liberté ; le double commandement d’amour, ça suffit

v. 7.8 Pour vous, pas « Maître, Rabbi », mais « frères »

v. 9 Pour vous, pas d’autre « Père » que « le Père céleste, le père des ciels »

v. 10 Pour vous, pas d’autre « docteur, chef, instructeur » que le « Christ, le messie »

v. 11.12 Une nouvelle formulation du principe les premiers seront les derniers

L’idée d’abaissement, dans le v. 12, doit être interprétée par celle de service du v. 11.

v. 12 « Qui s’élève sera humilié ; qui s’humilie sera élevé. »

v. 13 « malheur à vous », « oïe »; cette formule n’exprime pas une malédiction mais une profonde douleur ou indignation, une plainte devant un état de fait

v. 23 « fidélité » : la foi, au sens de la fidélité aux prescriptions fondamentales de la loi ; « fides qua »

« la justice, la merci, l’adhérence » (Chouraqui) : « Ieshoua accepte la totalité de la Tora à condition de ne pas sacrifier l’esprit »

Armin Kressmann 2014

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