L’Église, enfin, commence à se poser la question de l’inclusion. Et c’est grâce, je l’espère, au milieu LGTB+, et les femmes, que les bonnes questions seront posées.

Que dire au milieu LGTB+ ?

En tant que vieux soixante-huitard retardé, mais aussi comme croyant, je vous dis : soyez plus sûrEs de vous ! « selbstbewusst » (quand je dis ça, c’est du paternalisme, je le sais).

Par cet environnement, aussi et surtout ecclésial, ne vous laissez pas culpabiliser. Vous êtes ce que vous êtes, comme je suis ce que je suis, et maintenant, sans toujours tourner autour de la question du « pourquoi », parce que c’est une évidence, voire banalité naturelle, les unEs avec les autres, occupons de ce qui compte, pour être simpliste, le « pour quoi », en Église le royaume de Dieu¹.

Vous avez le « privilège », excusez-moi, de savoir ce que c’est, la discrimination, mais vous avez aussi et surtout le privilège et les moyens de pouvoir communiquer cela et d’en tirer les conclusions pour l’avenir, l’Avent de l’Église. Qu’est-ce qui nous arrive quand arrive l’autre, l’Autre ?

Eh oui, l’Église est toujours dans son Avent, elle n’a même pas encore passé par Noël, ne parlons ni de Pâques, ni de Pentecôte.

Donc, mobilisons-nous, affrontons Noël, non pas pour d’abord nous défendre nous-mêmes, mais, ensemble, ceux et celles qui ne peuvent pas se défendre.

Église inclusive, c’est beaucoup plus qu’inclusion des LGTB+, c’est beaucoup plus redoutable.

Pour vous, c’est facile (par ailleurs c’est aussi le cas pour les femmes). Mais il y en a qui, – par ce qu’ils sont, comme nous sommes homo- ou hétérosexuels -, mettent l’Église radicalement devant Dieu et le Christ, tellement radicalement que l’Église dans ses structures et ses fonctionnements explose, parce qu’incompréhension abyssale il y a. :

la Parole se tait !

Vous, vous l’avez encore, comme moi, la parole …

Parlons de ce qui fait taire Dieu, devenons Job et commençons à comprendre que l’Église, telle qu’elle est aujourd’hui, c’est les amiEs de Job.

Nous sommes amiEs de Job, et les amiEs de Job ne sont pas amiEs de Dieu !

Si vous voulez défendre les LGTB+, défendons ensemble psychiatrie, pauvretés, handicaps extrêmes. Devant leurs problèmes, nos problèmes disparaissent, ce qui veut déjà dire royaume, mais royaume inachevé, toujours inachevé.

C’est le reste qui compte, et vous, les LGTB+, c’est banal, vous n’en faites pas partie (tout en faisant parte, mais vous en êtes conscientEs et pouvez le formuler, exprimer, conceptualiser et combattre).

Pour revenir au soixante-huitard : je suis toujours imprégné de deux mouvements, celui de la « Krüppelbewegung » et de la « négritude ».

« Krüppel », estropiés, revendiquez l’état de fait, « noirs », revendiquez votre négritude, non pas pour devenir vous aussi exclusifs,-  ce serait racisme des antiracistes, sexisme des antisexiste, etc. bien connus² -, mais pour que l’inclusivité deviennent aussi ouverte que possible, tout en sachant que « l’accueil radical » est impossible.

L’accueil radical appartient à Dieu, et à Dieu seul !

Mais je sais, et être alité, devenir vieux, « has been », retardé me rend encore plus conscient et lucide, que ce discours est mal vu et venu.

On n’aime pas se retrouver dans les camps des fous et handicapés, des pauvres types, des exclus. L’Église n’aime pas être un « pauvre type ».

Pourtant inclusion n’est rien d’autre qu’inclure des excluEs, c’est-à-dire de s’occuper de l’autre, et pas de nous-mêmes.

Inclusion marche seulement quand elle reste constamment tournée vers les excluEs, donc en se détournant de soi-même. Ce mécanisme, on pourrait l’appeler « conversion » :

« Le temps est accompli, et le Règne de Dieu s’est approché : convertissez-vous et croyez à l’Évangile. », le Noël selon l’évangile de Marc (chapitre premier, verset 15).

Dieu est autre, toujours.

Par là, une conséquence inévitable, il est toujours exclu, avec le reste, ceux et celles qui sont excluEs. Par ailleurs, c’est la dynamique inévitable de la succession des alliances conclues, de la création à l’humanité (Noé), Abraham, Moïse, Israël, les Prophètes au Christ, et en lui, de l’humanité de nouveau, comme je l’ai esquisse dans mon argumentaire défendant le mariage pour tous.

Pardonnez ma « violence ».

C’est violent, comme Job le démontre, et Dieu, il n’a plus d’autres arguments que de « taper sur la table », comme un père qui dit à son fils, quand il n’a plus d’arguments : « Où étais-tu quand j’ai … »

« Où est-ce que tu étais quand je fondai la terre ? Dis-le-moi puisque tu es si savant. » (Livre de Job, chapitre 38, verset 4)

C’est du Elie Wiesel, ça ; devant la souffrance extrême, eh oui, on est tenté de devenir juif ; mais la croix n’est pas la jolie non plus, comme la potence de « La Nuit » … Où est-il ? Là …

« Grâce à Job, nous savons qu’il est donné à l’homme de transformer l’injustice divine en justice humaine. » (Elie Wiesel)

Armin Kressmann 2019

1« Procurez-vous des bénéfices que Dieu vous a confiés dès le commencement, de ce que vous êtes initialement en tant que créatures, de vos talents et de vos charismes, comme de vos biens matériels, recevez et donnez, comme Dieu vous à donné, partagez, afin que toutes et tous, vous aussi, puissiez devenir ce que vous êtes fondamentalement, ce que Dieu a souhaité pour vous, ce qui est votre vocation, selon l’appel qui vous est adressé. En un mot, soyez juste, comme Dieu est juste, ou saint, comme Dieu est saint. C’est ça, son royaume, imminent, déjà réalisé et présent en Jésus Christ. Procurez-vous de ce que vous êtes profondément et mettez-le en valeur et à disposition d’autrui, notamment de ceux et celles qui en ont besoin pour devenir et être, eux aussi, ce qu’ils sont pour Dieu. Le royaume est ainsi mutualisation du salut. Compassion et justice, c’est ce que la bible appelle ‘aumône’. » (Luc 12,33 (Lc 12,33) Le royaume de Dieu – « Je possède, donc je donne ; je donne, donc je suis »)

2Voici un article de la NZZ qui montre la contradiction entre identité et inclusion : qui est reconnu risque d’exclure ; inclusion marche seulement quand elle reste constamment tournée vers les excluEs