Marie protestant – Échange avec Paul Schorer sur la virginité de Marie, les miracles et la résurrection

Suite à mes réactions à l’interpellation de Jacques-André Haury de mettre une statue de Marie à la cathédrale de Lausanne

Le débat se poursuit : Le non-événement de Pâques est l’événement ; c’est le vide qui fait sens – Considérations sur le miracle de la résurrection (une confession de la foi)

Je te remercie,

cher Paul,

de tes réactions, auxquels je me permets de répondre, dans un dialogue s’intégrant pour moi dans la longue tradition des « disputes » en Église :

Tu dis :

  • « Je ne suis pas d’accord que Marie ait trompé Joseph. Je pense qu’au moment de la conception de Jésus, elle n’a rien fait pour devenir sa mère, c’est Dieu qui l’a choisie  pour cela. Bien sûr qu’après, elle a accepté ce que l’ange lui a dit, puis elle a porté Jésus en elle jusqu’à sa naissance, puis elle l’a élevé avec Joseph. Mais cela ne veut pas dire qu’elle a trompé Joseph, qu’elle a commis un adultère. »

Et je réponds :

Comment Marie est-elle tombée enceinte ? Comme déjà relevé, je renonce à une vision surnaturelle et je défends ainsi celle d’une incarnation radicale, où Dieu, en Jésus-Christ, en l’occurrence Marie et Joseph, assume entièrement la condition humaine, nous dirions aujourd’hui la « biologie », qui, elle, en tout cas à l’époque biblique, ne connaissait pas d’autres voies de fécondation que celle d’une relation sexuelle entre un homme et une femme. Pour moi, Dieu ne change pas les règles de sa création, « bonne » dit-il, pour intervenir dans le courant de l’histoire humaine. Sinon, de sa part, tout arbitraire serait possible et la liberté humaine totalement compromise, et nous donnerions raison à tous ceux et celles qui se demandent comment Dieu peut encore tolérer le mal, l’injustice et la guerre.

Paul répond encore :

« Je ne comprends pas que tu n’acceptes pas ce que dit la Bible au sujet de la façon dont Jésus a été appelé à la vie. Tu pourrais aussi ne pas accepter les autres miracles de la Bible, qui sont nombreux et démontrent la puissance de Dieu : je pense par exemple à la création des cieux et de la terre, la traversée de la mer Rouge, l’ombre qui a reculé de 10 degrés comme signe à Ezéchias au sujet de sa guérison, l’huile et la farine de la veuve de Sarepta, les guérisons que Jésus a faites. Si on n’accepte pas ces miracles, pourquoi croire en Dieu ? »

Tu dis :

  • « Je ne suis pas d’accord avec ton affirmation que le récit de la conception terrestre de Jésus sert à « utiliser Marie comme un instrument servant à soumettre les femmes à une vision d’infériorité ». Pour moi, je trouve au contraire que ce récit élève les femmes, puisque Dieu a choisi que Jésus naisse d’une femme ordinaire. »

Je réponds :

Je ne dis pas que le récit utilise, donc instrumentale Marie, au contraire (en ce sens je rejoins ta lecture), mais que l’interprétation surnaturelle du récit, donc de la conception de Jésus, le permettait à l’Église et le permet toujours, donc à ceux qui avaient le pouvoir et qui l’ont encore : « Regardez Marie, femmes, Marie pure et soumise, modèle qu’aucune d’entre vous ne peut atteindre ! Dans votre impuissance, à nous de vous dire ce qui bon et juste, et à vous de vous soumettre à ce que nous disons et à faire avec vos enfants ce que nous voulons et sert nos intérêts à nous. » … Je réponds à cela : « Femmes, hommes, regardez Marie, et Joseph, humains comme vous, dans leur condition humaine se soumettant à la volonté de Dieu qui veut que chaque enfant soit reçu et accepté comme enfant de Dieu, même et surtout celui qui n’est pas le vôtre et peut-être issu d’un drame familial » ; sinon pourquoi Joseph aurait-il eu le réflexe de répudier Marie ?

Paul répond encore :

« Joseph a eu le réflexe de répudier Marie parce qu’il pense que Marie l’a trompé. C’est pour cela que l’ange a dit à Joseph de ne pas craindre de rester avec Marie, car l’enfant qu’elle a conçu vient du St-Esprit. »

Tu dis :

  • « Tu aimerais : « finissons une fois pour toutes avec une lecture moralisante de l’histoire du salut en Jésus Christ ». Mais alors, si nous étions déjà comme Dieu le désire, nous n’aurions pas besoin du salut apporté par Jésus-Christ ! Notre foi serait inutile, la Bible aussi, la venue de Jésus pour nous sauver aussi. Pour moi, je peux accepter le salut que Jésus donne parce que j’en ai besoin, parce que je réalise que je suis pécheur. »

Je réponds :

Oui, nous sommes tous et toutes pécheurs, mais pas seulement parce que nous commettons des fautes, donc pas seulement au niveau moral, mais parce que nous faisons mal même là, où, objectivement, nous ne commettons aucune faute, même là où, humainement, nous avons tout fait, bien fait, pour bien faire. Le salut dépasse la morale ; le réduire à la seule morale est réduire l’amour, le soumettre à la loi.

Tu dis :

  • « Oui, je suis d’accord que le Christ nous invite à changer notre regard sur ceux qui sont en position de handicap. »

Et j’ajoute :

Et c’est ce changement de regard, que nous portons les uns sur les autres, moi sur toi et toi sur moi, qui est le miracle de Pâques, la résurrection de et en Jésus Christ.

Le tombeau est vide, tout, toute la vie, toute vie, la vie en Jésus-Christ, est désormais possible.

Le Christ est ressuscité !

Paul répond encore :

« Je suis heureux que tu acceptes que Christ soit ressuscité et que tu ne mettes pas la résurrection en doute ! »

Avec mes amitiés.

Armin

(Si tu publies notre échange sur ton site internet, tu peux me nommer. Paul Schorer)

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