Rawls et le handicap

« Je n’ai pas examiné les cas les plus extrêmes, mais ce n’est pas pour dénier leur importance. J’estime qu’il est évident, et admis par le sens commun, que nous avons un devoir envers tous les êtres humains, quelle que soit la gravité du handicap qui les touche. La question porte sur l’importance de ces devoirs lorsqu’ils entrent en conflit avec d’autres revendications. Il nous faut envisager d’examiner si la justice comme équité peut être étendue pour produire des orientations dans ces cas, et sinon, si elle doit être rejetée plutôt que complétée par une autre conception. Il est prématuré d’aborder ici ces questions. La justice comme équité est présentée surtout comme une tentative de formulation d’une position claire et précise de ce qui a été la question fondamentale de la philosophie politique dans la tradition démocratique : quels sont les principes les plus appropriés pour spécifier les termes équitables de la coopération lorsque la société est conçue comme un système de coopération entre citoyens conçus comme libres et égaux, et comme des membres normaux et pleinement coopérants de la société pendant une vie complète ? Une méthode qui nous permet de traiter cette question d’une manière praticable vaut sans doute d’être recherchée. Je ne sais pas dans quelle mesure la justice comme équité peut être étendue avec succès pour s’appliquer au type de cas les plus extrêmes. Si Sen peut élaborer une position plausible pour les traiter, une question importante serait de savoir si elle peut, moyennant certains ajustements, s’intégrer dans la justice comme équité qu’on aura étendue de manière appropriée, ou si elle peut s’y adapter en tant que partie complémentaire essentielle. » (John Rawls ; La justice comme équité ; La Découverte, Paris 2003, note p. 239)

Print Friendly, PDF & Email

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.