Luc 21,5-19 La fin du temps, la fin de notre temps ; premières notes exégétiques et homilétiques

(avec la TOB (Traduction œcuménique de la Bible) ; André Chouraqui ; Loucas, Evangile selon Luc ; JClattès, 1993)

Luc 21,5-19 le texte (TOB)

Dernier culte de l’année liturgique ou de l’Église dans la paroisse du Sud-Ouest lausannois.

Dans l’évangile selon Luc, c’est le dernier discours public de Jésus, adressé au peuple au temple, dans un style apocalyptique :

« L’apocalypse de Luc », « révélation dévoilement, découverte » ou « discours eschatologique » (v. 5-36), un enseignement des choses dernières, donc sur la fin de l’histoire du salut :

  • La mort
  • La résurrection
  • Le jugement
  • La fin du monde

La fin comme finitude et accomplissement.

Comment aujourd’hui recevoir ce texte sans lecture littéraliste qui le plaquerait tel quel sur l’actualité ?

Quelques indications nous sont données par le contexte :

  • Le passage est précédé par l’offrande de la veuve (Luc 21,1-5) ; c’est un don de « vie »
  • Il est suivi par
    • Le jugement de Jérusalem (v. 20-24)
    • La (ad)venue du Fils de l’homme (v. 25-27)
    • L’approche du Règne de Dieu (v. 28-33)
    • La vigilance (v. 34-36)
    • Et les derniers jours de Jésus (v. 37.38)

Le passage lui-même (v.5-19) aboutit sur le gain de la vie par la persévérance dans la foi (v. 19)

L’enjeu consiste donc dans l’attitude d’une vie à mener à l’horizon de la mort (physique). Quels sont nos sanctuaires ?

En conséquence, je me permets d’en faire une lecture biographique, où tout ce qui est évoqué se joue dans chaque vie humaine, au niveau historique, – de l’histoire d’une vie et de l’histoire sociopolitique dans laquelle nos vies se situent -, et cosmique, – écologique, dirions-nous peut-être.

Pour la paroisse du Sud-Ouest lausannois (la paroisse dans une Église donnée comme institutions, v. 5-10), il s’agit des vies des paroissiens et paroissiennes (les riches et la veuve, v. 1-4) et de la vie de la communauté dans leurs contextes historiques, écologiques et spirituels respectifs. Je parlerais d’apocalypses, – dévoilements et découvertes -, et d’eschatologies, – perspectives de vie -, personnelles et communautaires réelles. En découle une dédramatisation cosmique et, comme corollaire, une dramatisation individuelle et communautaire : qu’est-ce qui se joue pour moi et pour nous ici et maintenant, « devant Dieu, avec et sans lui » (Bonhoeffer), quand on regarde le monde tel qu’il est sans complaisance, jugement et Christ devant la porte ?

Le temple de Jérusalem, construction entreprise par Hérode le Grand, vers 20 avant notre ère, donc tout neuf et splendide au temps de Jésus.

v. 4 La veuve, don de « sa vie »

… qui renvoie à la finale du v. 19 « Gagnez la vie par votre endurance, votre persévérance. » (TOB)

Une endurance dans la foi qui reçoit ainsi la vie, comme don, au-delà de la vie, donc le Règne de Dieu.

Une inclusion (v. 5 à 19) entre ces deux mentions de la vie, clairement comprise au niveau individuel, ce qui justifie ma lecture biographique de l’ensemble : c’est mon temple qui est voué à la ruine, c’est mon monde qui est ébranlé et mon cosmos, mon univers qui tremble. Et c’est dans cette vie, ma vie, et celles de ma communauté, ainsi toujours menacées, que se manifeste, ou non, et se révèle et se dévoile (« apocalypse »), ou non, la vie dans la foi, – la non-vie sans foi, donc la ruine -, « l’eschaton », le sens ultime.

v. 5 « ex-voto », offrandes de fidèles qui peuvent être des éléments de la construction ou de la décoration.

Ainsi nous sommes renvoyés à nos contributions à l’Église, locale, institutionnelle (l’EERV, cantonale) et universelle, mais aussi à l’universalité dans la particularité locale et la valeur de toute particularité, individuelle et communautaire, face à et dans les universalités plus globales (institutionnelles et communautaires) : dans quelle mesure participent et contribuent paroissiens et paroisse à l’Église (l’EERV et l’universelle), mais aussi, dans quelle mesure est universel ce qui se vit individuellement et localement ? Par exemple : la participation du Sud-Ouest lausannois aux projets Terre Nouvelle d’un côté, la dimension Terre Nouvelle dans le Sud-Ouest lausannois de l’autre côté ? Le Sud-Ouest lausannois, riche ou veuve ?

Annonces de la ruine du premier temple : Michée 3,12 ; Jérémie 7,1-15 et 26,1-19

Qu’est-ce qui est vraiment voué à la ruine ? Ici, je pense, se joue la pointe de la prédication.

v. 6 « pierre sur pierre » … ob-stacles

v. 8 « égarer », séduire ou induire en erreur

Mise en garde contre des faux messies. Qui sont-ils aujourd’hui ?

Promesses et publicités, « people » et « pipélisation », glorifiés (oints et consacrés), pas vraiment mis en question ; par contre, quand il s’agit de tout ce qui pourrait toucher au religieux, il y a hypersensibilisation, au nom d’une laïcité qui est aveugle à l’égard des religions païennes. La religion comme bouc émissaire ? La nouvelle islamophobie, l’antisémitisme toujours latent, la xénophobie anti-Roms, l’homophobie …. ?!

Où positionner aujourd’hui la vigilance ?

Et quel est « le temps, le moment », « kairos », décisif ?

A quels moments dans nos vies, individuelles et communautaires, se joue l’enjeu de la foi, la fin (de tout) ? En quel moment se joue le tout ?

v. 9 « guerres et soulèvements », n’appartiennent pour Luc pas à la fin des temps, mais à l’histoire.

Guerres civiles après la mort de Néron ?

v. 10 « alors il leur dit », une nouvelle introduction qui indique la séparation nette entre les signes de la fin et l’histoire antérieure.

Persécution et témoignage … et aujourd’hui, chez nous ?

v. 11 Événements cosmiques : mon cosmos, mon univers ?

v. 12 Une période d’histoire et de témoignage avant la phase finale.

Toujours cette distinction entre ce qui et historique et ce qui est eschatologique. Comment l’inscrire dans les histoires individuelles et communautaires : éthique et foi !? Donc valeurs et sens ?!

v. 13 L’attitude du juste est de témoigner de sa foi

« ‘Sema` Israël Adonaï Elohénou, Adonaï Ehad’ … en soulignant dans la prière le `aïn et le dalet de Ehad pour bien marquer qu’il s’agit de la prière d’un `ed, c’est-à-dire d’un témoin signant son témoignage de son sang. » (A. Chouraqui)

v. 15 s’abandonner au souffle de Dieu qui inspire …

« La bouche » désigne la faculté de parler, de témoigner de la sagesse. la faculté

v. 19 « persévérance », endurance … éthique …

Schéma de la prédication sur Luc 21,1-19 du 17.11.13 dans la paroisse du Sud-Ouest lausannois (Malley)

Armin Kressmann 2013

 

 

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