La spiritualité n’est pas à confondre avec religion. La spiritualité est plus vaste ; elle englobe tout ce qui touche au sens, à la transcendance, aux valeurs. Concrètement, elle prend forme en l’art, l’éthique et la religion, c’est-à-dire en ce qui est ou qui n’est pas beau, bien ou juste. Tout collaborateur d’une institution socio-éducative a donc d’une manière ou d’une autre part à la spiritualité de la maison et en est responsable dans l’accompagnement des résidents ou pensionnaires, au même titre qu’il l’est par rapport à leur santé physique, affective et sociale.
En ce qui touche au religieux proprement dit, l’aumônerie en est une ressource et assume une part importante de l’accompagnement des résidents.
Questions d’ordre spirituel et éthique large :
L’éthique ou la morale : Que devons-nous faire ?
L’art (du métier) : Comment faire ce que nous devons faire ?
La méta-physique et la religion : Pourquoi et pour quoi faire ce que nous devons faire ?
Principes :
Règle d’or : « Ne pas confondre avec une bête celui qui nous « embête » »
Chacun, quel qu’il soit et quoi qu’il fasse, a une valeur en soi, une dignité aliénable. Etre attentif à la distinction entre ce qui nous dérange et la personne en soi, peut-être « porteuse », donc messager, révélateur d’un dérangement.
Impératif catégorique : « Chacun et chacune a une fin en soi et ne se laisse pas réduire à ce que nous vivons peut-être de difficile avec lui. »
Principe opérationnel : « Le résident a toujours raison, et si ce n’est que sa raison. »
C’est-à-dire, chercher les raisons pour lesquelles le résident agit tel qu’il agit.
Que nous dit-il à travers ce qu’il fait, exprime et vit ?
Ne pas confondre le signifiant, l’acte manifeste, avec le signifié, ce que veut potentiellement dire ou signifier l’acte.
Par rapport aux familles : « C’est vous les spécialistes. Nous avons besoin de votre savoir et de votre compétence, et nous voulons les traduire, avec vous, ce qui est notre spécialité et notre compétence, en un bien-être aussi grand que possible pour votre proche, résident chez nous. »
Ce sont les familles qui, – en principe et en tout cas à l’arrivée du résident et par rapport à son enfance, décisive pour comprendre sa vie intérieure -, ont le plus de savoir sur la vie du résident.
Distinction fondamentale (principe CIF, Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la santé) : entre le médical et le social, la personne et son environnement :
- Cause
- Déficience
- Incapacité
- Obstacle
- Handicap (situation de handicap), résultante de ce qui précède, donc finalement une personne en situation de handicap
Dans cette séquence, la logique de la CIF part toujours du médical (déficits, « disability ») et va au social.
Dans une logique inverse, plus éducative, ne pas se poser en premier lieu la question des déficits, mais celles des capacités (« capability » … « capabilité ») et comprendre la réalisation de ces capacités comme un droit.
Donc, pour définir et mettre en place un accompagnement spirituel d’un résident particulier :
– Connaître et reprendre la mission (institution, secteur, groupe)
– En écoutant le résident, en collaboration avec les familles et dans l’intredisciplinarité discerner les besoins, les désirs et les capacités (au-delà des capacités réalisées, miser sur les capacités potentielles) du résident et travailleur, d’une manière générale, et, en l’occurrence, en matière de spiritualité :
- Expression artistique ; créativité
- Réflexivité, besoins d’expression verbale et non-verbale ; groupes de parole
- Religiosité : fondements et sens de la vie, sa finitude, la question de la souffrance et de la mort (« l’amour et la mort »)
– Articuler les deux, – missions et besoins -, dans les projets personnels, ainsi que dans les projets de groupe et de secteur
– Se donner les moyens pour y répondre :
Mobiliser les ressources (matérielles et personnelles)
Travailler en réseau et dans l’interdisciplinarité, notamment avec l’animation (et « la formation » dans sa forme institutionnelle propre à Lavigny) et l’aumônerie
– En matière de religiosité :
Connaître l’appartenance religieuse des résidents
Garantir une pratique religieuse, notamment l’accès au culte et aux communautés religieuses respectives
Accès aux textes fondateurs
Fêtes
Rites
Prière
Armin Kressmann