– Pour réguler la vie spirituelle d’une institution sociale, il ne faut pas la définir en elle-même, – entreprise vaine comme nous l’avons vu -, mais établir les règles, – le cadre -, selon lesquelles différentes spiritualités ou manières de vivre une spiritualité donnée entrent en dialogue et en jeu.
– Et même là où une institution fait le choix d’une spiritualité précise donnée, il faut veiller à ce que les manières de vivre cette spiritualité restent ouvertes et que les façons de la vivre puissent jouer les unes avec les autres[1].
– Enfin, on peut même appeler « institution » les règles qui régissent le cadre qui permet l’expression de la vie spirituelle d’une organisation « socio-éducative » ou « socio-médicale » donnée, et envisager le fait institutionnel sous l’angle de ce jeu qui s’installe aussi librement que possible selon les règles institutionnelles données.
– Donc, plus de jeu il y a, plus vivante ou « spirituelle » sera une institution. Plus le jeu est réduit à ses règles et étouffé par celles-ci, plus l’institution est exposée au risque de maltraitance.
Toute institution devra alors se poser les questions suivantes :
Quel jeu jouons-nous ? Quel est son sens ?
Quelles sont ses règles ?
Qui joue ? Qui sont les acteurs déterminants ?
Et c’est le jeu à qui, à qui appartient-il ?[2] Qui est le maître du jeu ?
Armin Kressmann, Rapport « La spiritualité et les institutions », CEDIS 2008
[1] Dans une éthique dialogale type habermassien par exemple.
[2] Question importante, tout particulièrement en institution, pour des personnes aussi dépendantes que celles qui sont en situation de handicap, qui, celle-ci, par définition, peut être comprise comme « handicap d’autonomie ». Pensons seulement aux étages multiples dont elles dépendent : famille, accompagnants, tuteurs et curateurs, thérapeutes, assurances, subsides, directions, conseils et comités, administrations, internes et externes, Etat, politique , etc. Qu’on le veuille ou non, qu’on le regrette ou non, qu’on puisse le faire autrement ou non, leur vie privée est organisée par l’extérieur. L’instance qui définit le jeu est donc déterminante.
« Spiritualité et spiritualités 17 : « spiritualités ludiques »
Spiritualité et spiritualités 19 : santé ou « diététique » spirituelles »