La Commission des sciences humaines de la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne mène un cycle de conférences publiques sur le thème « Médecine, santé et spiritualité ».
Prochain rendez-vous en septembre 2010 : sociologie des religions
Tous ceux et celles qui s’intéressent à la question de la place de la spiritualité en milieu hospitalier ou en institution sociale reçoivent matière à réfléchir et sont interpellés. En ce qui me concerne, des questions et des constats nombreux m’habitent déjà :
– Enfin, une réflexion de fond sur l’accompagnement des patients et des résidents accueillis « dans leur globalité », corps, psyché, âme et esprit, dans une collaboration étroite des uns avec les autres.
– Quels sont les besoins des patients ou résidents au niveau spirituel ? Comment y répondre ? La spiritualité est-ce une prestation, des actes à fournir comme les autres et en dernière instance aussi facturables comme les autres ?
– Quelle est la place de la dimension spirituelle dans les soins ?
– Qui s’en occupe ? Quelle place à l’aumônerie ? Qui assume l’accompagnement spirituel ?
– Celui-ci, se laisse-t-il objectiver ? Qu’est-ce que c’est, la « détresse spirituelle » ? Est-ce une pathologie ou une réaction normale à une pathologie ? Y a-t-il une « evidence-based spirituality – EBS », une spiritualité fondée sur des faits et des preuves : symptômes, diagnostique, thérapies ? Cette logique qui domine de plus en plus la médecine, prend-elle aussi le dessus en matière de spiritualité ?
– Y a-t-il neutralité possible de la part de l’accompagnant, médecin, soignant ou aumônier ? D’où parle l’aumônier ? Comme théologien ou spécialiste du spirituel, juste un autre psychologue ?
– A la longue, si la médecine s’occupe désormais du spirituel, a-t-on encore besoin des aumôniers ? Et quel serait le médecine de l’âme ?
– Quel est le d/Dieu en et de la médecine ? L’ultime, la finalité, l’objectif diraient certains ? Le médecin, la guérison, la santé, le patient, l’autonomie, de qui, les finances, une transcendance, Dieu lui-même, le chrétien, un autre, celui de chacun à lui ou un même à tous ?
– Qu’est-ce la santé, « état de complet bien-être » selon l’Organisation Mondiale de Santé (OMS) ? Puis-je être « en situation de santé » tout étant malade, comme être « en situation de handicap » tout en étant en bonne santé ?
– Donc la question finale : ce cycle, est-ce le signe du début de la fin de l’aumônerie, et si oui, serait-ce une bonne chose, du fait que le « sacerdoce universel », – principe protestant par excellence, où chacun devient devant l’ultime l’aumônier d’autrui, porteur d’une parole qui soigne, libère et guérit, témoin de l’altérité sans tentative de prosélytisme -, s’imposera, ou mauvaise chose, parce que même le spirituel, donc la transcendance, subira la tentative de régulation, de main-mise et de maîtrise ?
Parlons-en, les uns avec les autres, avec nos différences, mais ensemble, attentifs à cette « médecine humaniste » ces dernières années plutôt malmenée (un texte magnifique par rapport à cette problématique se trouve sur le site de l’Encyclopédie de l’inaptitude, Agora)
Armin Kressmann 2010