La laïcité est un concept sociologique et politique étroitement lié à la culture et à l’histoire française : la séparation entre l’Église et l’État. D’autres cultures, allemandes ou alémaniques par exemple, parleraient plutôt de sécularisation (« Verweltlichung »), processus mettant l’accent pour se représenter et s’expliquer le monde sur la raison, moins sur la foi ou la religion.
La laïcité concerne l’État et ses institutions (à distinguer de la société civile) : il n’a pas à se prononcer sur ce qui est des convictions et de la foi personnelles, aussi longtemps que celles-ci ne menacent pas l’ordre public.
Les institutions sociales, – en tant qu’institutions (organisations) étant quelque part entre le privé et le public, souvent aussi subventionnées par ce dernier -, doivent se situer entre les deux : dans quelle mesure se comprennent-elles communauté (de valeurs), donc affichant des convictions d’ordre privé, dans quelle mesure institution publique, donc laïque ? En plus, en tant qu’institutions laïques, de quelle laïcité se réclament-elles, exclusive, – excluant toute activité religieuse en son sein -, ou inclusive, – garantissant en son sein l’expression de la liberté religieuse à chacun, chacune ?
En schématisant, nous pouvons finalement définir quatre types d’institutions sociales :
1. Celles qui s’affichent et s’affirment clairement religieuses, le plus souvent chrétiennes
2. Celles qui excluent toute pratique religieuse en leur sein et renvoient les personnes dont elles s’occupent à des instances extérieures, notamment les familles : les institutions laïques exclusives
3. Celles qui se réclament laïques inclusives et accompagnent les personnes dont elles sont responsables aussi dans leur religiosité, sans se positionner elles-mêmes
4. Celles qui pratiquent une laïcité inclusive et accompagnent les personnes dont elles ont la charge aussi dans leur religiosité, tout en défendant des valeurs communautaires propres, au-delà des droits fondamentaux garantis par l’État (de droit)
Communautés ne peuvent être que les institutions sociales du type 1. et 4., « communauté exclusive » les premières, – c’est-à-dire l’ensemble des personnes faisant partie de l’institution se retrouvent dans les valeurs (religieuses) communautaires défendues -, « communauté inclusive » les deuxièmes, acceptant d’autres formes d’expression religieuses en son sein que les seules défendues par l’institution elle-même.
Armin Kressmann 2010