Dieu sagesse

Quand le bon sens s’en va ou la découverte de la raison, de la folie et de la sagesse comme réalités physiques, matérielles, voire personnelles en elles-mêmes.

Quand nous parlons de raison et de déraison, de sagesse et de folie, nous devons distinguer entre « il, elle » et « c’est », « il est fou » et « c’est fou », « elle est sage » et « c’est sage ». Les deux, « il, elle » et « c’est », sont interdépendants, évidemment, parce que ce dont nous parlons est toujours personnalisé. Mais les deux prennent des formes différentes, individuelles et collectives, intérieures et extérieures, incarnées et abstraites. Ainsi, me semble-t-il, il y a trois niveaux : « Je suis fou, sage, raisonnable », « ils le sont » et « la raison, la folie, la sagesse, le bon sens » en eux-mêmes.

Ces temps-ci je découvre le poids de ce dernier niveau, de la raison en soi : tout le monde autour de moi est raisonnable, extrêmement même, « évidence based », mais la raison, elle, nous a quittés. Tout le monde pense, on réfléchit, on consulte, on discute, mais ce qu’en sort n’est pas raisonnable. Il y a dispute, voire conflit, mais ce n’est pas cela qui est l’enjeu véritable, mais l’absence d’une vision partagée en sa forme de bon sens. Et quand bon sens il n’y a pas, on ne sait plus dans quel sens avancer.

Je découvre la réalité de la sagesse et de la folie comme réalités physiques et personnalisées, telles que la bible en parle, leur statut divin. Elles peuvent s’approcher et s’absenter, comme Dieu le fait dans nos existences. Comme Dieu le fait ? Et oui, il n’est pas partout : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ? ».

Croire en la sagesse, pourquoi n’en parlons pas en Église, ne donnons-nous pas statut à la raison, comme réalité personnelle à la hauteur de Dieu ? Pourquoi opposons-nous toujours foi et raison, foi et sciences ? Le dialogue avec ceux et celles qui pensent « sans croire » serait facilitée et le bon sens valorisé, il y aurait alliance contre la folie de ce monde.

Non, nous en Église, nous voyons la raison de l’autre côté, réalité du monde auquel nous nous opposons par principe.

Moi, qui aime le monde, et fais alliance avec lui là où il a raison, si c’est nécessaire contre l’Église, là où elle a tort, je me sens abandonné, seul, tout seul, quand la raison s’absente. Quand Dieu s’absente, la foi ne suffit pas. La raison pourrait nous sauver.

Armin Kressmann 2023

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