Luc 1,26-38 – L’Avent : Je suis fondamentaliste – tout enfant est un enfant de Dieu (notes exégétiques et homilétiques)

… Luc 1,26-38, en vue du culte du premier dimanche de l’Avent 2015, le 29 novembre, 10h à Château d’Oex, familles bienvenues !

(avec la TOB, Traduction Œcuménique de la Bible, Cerf, Paris 2012 ; André Chouraqui, Loucas, Evangile selon Luc, JClattès, 1993 ; François Bovon, L’évangile selon saint Luc, Commentaire du Nouveau Testament IIIa, Labor et Fides, Genève 1991)

« Annonce de la naissance de Jésus » intitule la TOB ; s’y cachent « l’annonciation », la « conception virginale » (« la doctrine biblique et coranique selon laquelle Marie a conçu le Christ tout en restant vierge », wikipédia), « l’immaculée conception » (« un dogme de la foi catholique énonçant que la conception de la Vierge Marie dans le sein de sa mère, n’a pas été marquée par la tache du péché originel », wikipédia), la messianité de Jésus et d’autres dogmes bibliques et ecclésiaux.

En tant que protestants nous avons la tâche de regarder ce qui s’y trouve au niveau biblique et de le confronter avec notre actualité, la vie et notre vision de la vie d’aujourd’hui.

La TOB dit :

« Ce récit … est situé dans l’obscurité de Nazareth. La mission de Jésus est décrite d’abord comme celle du Messie traditionnel avec les oracles d’Esaïe 7,14 ; 9,6 et 2 Samuel 7,14.16 (v. 31-33), puis comme celle du Fils de Dieu par excellence (v. 35 ; voir Romains 1,4). La conception virginale est le signe de cette filiation unique et mystérieuse. »

F. Bovon parle « d’annonciation comme genre littéraire » ( p. 66ss) :

« Le thème de la naissance virginale, plus exactement de la conception miraculeuse de Marie par le Saint-Esprit, est enchâssé dans un récit bien défini : le ‘message divin à un particulier’. Et à l’intérieur de ce genre, il répond à la catégorie ‘promesse d’un enfant’, laquelle présente une structure qui lui est propre :

1. Apparition du messager divin

2. Trouble de la personne visitée

3. Délivrance du messager

4. Arguments de la personne visitée

5. Confirmation du message par un signe

le v. 35 ajoute au message une réponse de l’ange au ‘comment ?’ de Marie avant que ne soit accordé le signe de confirmation (v. 36-37), parce que Marie n’argue pas, selon la règle, de son âge avancé ou de son infécondité, mais de sa virginité (v. 34).

au v. 35 Dieu remplace le père humain par l’effet de son Esprit, de sorte que le titre ‘Fils du Très-Haut’ (v. 32) est à prendre au pied de la lettre. Les motifs de la paternité divine et de la promesse angélique s’ajoutent donc au motif de la virginité.

La question de l’origine (des motifs) est une question brulante, car de tout le Nouveau Testament nous ne retrouvons ces motifs que dans Matthieu 1,18-25. »

Bovon parle de « la question de l’origine de Jésus … et du travail exégétique de la jeune Eglise. Comme le prouve Matthieu 1,18-25, les milieux judéo-chrétien interprétaient Esaïe 7 christologiquement, et cela fut une source d’inspiration. Même l’épisode de Luc reste difficilement compréhensible sans la promesse de l’Emmanuel. Mais cela ne suffit pas comme explication. »

Les chrétiens de la première heure sont exposés à des influences extérieures :

« Le rôle attribué à Dieu … est si essentiel que le personnage du père est parfois passé sous silence. Par ailleurs, on rencontre dans le judaïsme hellénistique d’Egypte une interprétation spiritualisée des mariages bibliques et un transfert du vocabulaire de l’amour physique sur le plan de l’union mystique avec Dieu. (p. 68) …

la religion juive n’a pas été à l’abri des influences étrangères. Non seulement l’astrologie et le symbolisme solaire étaient très répandus, mais aussi le motif de la naissance d’un enfant providentiel. (p. 69) …

si l’Église ancienne a fêté la Nativité le 25 décembre ou le 6 janvier, ce fut pour lutter contre des fêtes païennes du Soleil, mais non sans sensibilité aux connotations que ces fêtes avaient en commun avec les récits de la Nativité. (p. 69)

La filiation divine joue un grand rôle dans la religion égyptienne et dans l’idéologie pharaonique. (p. 70).

F. Bovon conclut : « L’important, ce n’est pas l’historicité improuvable des événements, mais la signification théologique de l’emprunt et la modification des divers motifs. (p. 71) ».

Sur ce chemin de travail (exégétique), des premiers chrétiens à travers l’histoire de l’Église jusqu’à François Bovon, que certains qualifieraient peut-être de « libéral », je vais encore plus loin, pour devenir enfin « fondamentaliste » : je renverse l’extériorité parcourue et admise par F. Bovon, – Marie – vierge, Jésus – Fils du Très-Haut -, pour parler du plan de Dieu annoncé dans sa radicalité pour tout un chacun, ici, maintenant et de tous les temps, comme pour et à travers Marie, Joseph et leur fils Jésus :

la sainteté non pas des figures bibliques en tant que telles, mais de toute naissance.

Celle-ci, quelque soient les conditions, – physiques, psychiques, sociales, spirituelles ou religieuses -, appartient à la sphère du sacré, donc à Dieu. Tout enfant, quel qu’il soit, en Jésus Christ et sa filiation (c’est ce qu’il « incarne »), est un enfants de Dieu. Et ainsi que le « règne de Dieu s’est approché » et s’approche toujours.

Dieu pour toi, « Dieu parmi nous », « Emmanuel », en est une conséquence « logique » (de filiation). Et cette con-statation (institutionnalisation !), con-naissance (!) ou sent-ence (!) est d’une universalité telle quelle dépasse tout dogme d’exclusivité et rejoint l’unicité de Dieu (donc personne) et par là l’unicité de toute personne.

Le « message divin à un particulier » dont parle François Bovon est une universalité, quelque soit la femme et son enfant.

Ce n’est comme enfant que nous avons accès au royaume de Dieu (cf. Marc 10,13-16).

à poursuivre

Armin Kressmann 2015

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