Le clown est soi-même ; il révèle l’humain dans son humanité

Le clown, figure de l’autre en soi-même

Vie&Liturgie, no. 99, mai 2014, p.6ss ; deuxième partie

Le clown est soi-même ; il révèle l’humain dans son humanité

Le clown repose en lui-même, les deux pieds sur terre, ce qui lui permet d’être entièrement ouvert à ce qui se passe autour de lui, sur terre et au ciel, là où il a, là où se trouve son nez. En étant ici, il est ailleurs. Son rapport à l’autre est érotique, sans être sexualisé.

« L’Aimée, à la fois saisissable, mais intacte dans sa nudité, au-delà de l’objet et du visage, et ainsi au-delà de l’étant, se tient dans la virginité. Le Féminin essentiellement violable et inviolable, l »Eternel Féminin’ est le vierge ou un recommencement incessant de le virginité, l’intouchable dans le contact même de la volupté dans le présent-futur. »1.

Le clown veut séduire et se laisse séduire, sans passage à l’acte ; si passage à l’acte il y avait, il n’y aurait plus de clown ; les jeux sont faits, finis les jeux. Pour le clown passage à l’acte est jouer passer à l’acte. Pour le clown, vivre ce qu’il vit en jouant ce qu’il vit est se détruire lui-même. Son nez rappelle la limite à ne pas franchir. Il symbolise et expose l’intimité inaliénable, sa dignité fondamentale ou sa sainteté, son entière appartenance à l’autre. Le clown est profondément « matriciel » ; il reçoit tout, il donne tout.

«  … Rehem, la ‘matrice’, ‘l’utérus’ … désigne le caractère matriciel de la matrice, c’est-à-dire la capacité de l’utérus à être ce qu’il est : à concevoir le fœtus … C’est la capacité qu’a le Rehem de s’entrouvrir, de faire du vide au sein du plein de la personne et d’y faire lieu à un embryon ; à un être autre … c’est essentiellement la capacité de concevoir l’autre en soi … »2.

Armin Kressmann 2014

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1 E. Lévinas ; « Totalité et infini » ; Le Livre de Poche, Kluwer Academic, p. 289. cf. aussi M.-A. Ouaknin ; « Le Livré brûlé » ; Lieu Commun, 1993. Chez le clown, la nudité, l’intouchable, c’est le nez.

2 S. Trigano ; in : M-A. Ouaknin ; « Le Livré brûlé » ; Lieu Commun, 1993, p. 375

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