Églises et institutions sociales

Les Eglises et communautés religieuses reconnues par l’Etat, pour lui et pour les institutions sociales, jouent un rôle déterminant. Est-ce qu’elles sont à la hauteur de la tâche ? J’en doute actuellement.

Les raisons en sont multiples :

–         Les Eglises s’organisent encore et toujours territorialement. Par contre, les institutions sociales, par la « professionnalisation » déjà mentionnée, se conçoivent de plus en plus comme centres de compétences. Les liens entre institutions et paroisses s’amenuisent.

–         La spécialisation du socio-éducatif suscite des besoins en collaboration en équipes interdisciplinaires et en compétences éthiques ; celles-ci, comme conséquence pour les Eglises, s’ajoutent à la pastorale traditionnelle, – célébrations, relation d’aide et actes pastoraux (baptêmes, mariages, services funèbres, etc.). Aucune instance ne s’en occupe officiellement ; il n’y pas non plus de formation spécifique de professionnels aptes à répondre à la demande.

–         Le seul lieu de formation proche du socio-éducatif que les Eglises se sont données est spécifique aux aumôneries en milieu hospitalier ; mais celles-ci se distinguent du travail en institution sociale, si ce n’est que par le seul fait d’exercer leur fonction dans la sphère publique[1]. Le patient, en principe, est de passage ; il n’est pas chez lui à l’hôpital. Pour les EMS (Etablissement socio-médicaux), la situation se présente encore différemment. Ils sont plus proches des institutions sociales ; mais les aînés, malgré tout, restent en général attachés, et si ce n’est que de manière symbolique, à leur environnement social antérieur.

–         La séparation de plus en plus prononcée entre vie publique et vie privée met les Eglises dans la situation inconfortable de ne plus pouvoir répondre aux attentes spirituelles par la seule vie paroissiale[2], qui, elle, est en principe une vie privée, mais vécue en public. Comment répondre aux besoins spirituels et religieux en dehors des paroisses ?

–         Les Eglises ont de la peine à entrer et à assumer le rôle de « prestataire », ce mode de fonctionnement qui se répand aussi dans le domaine socio-éducatif. Pourtant, à mon avis, elles en auraient quelque chose d’important à dire, en dépassant la notion de pure « prestation » économique en (ré)introduisant le concept plus fondamental de « service », tel qu’il est conçu dans sa compréhension.

–         La demande de la part des institutions pour une collaboration plus étroite avec les Eglises n’est pas pressante, au contraire. Les Eglises ne sont pas réellement défiées.

–         Sans l’effort venant de quelques grandes institutions pour disposer d’une aumônerie, les forces vives investies de la part des Eglises dans ce secteur seraient dérisoires.

Armin Kressmann, Rapport « La spiritualité et les institutions », CEDIS 2008

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