Solus – Sola, c’est ainsi que Dieu vient à toi – par le Christ, la bible, la grâce et la foi

« Solus – Sola1, c’est ainsi que Dieu vient à toi » – par le Christ, la croix, exclusivement, par la grâce, la résurrection, exclusivement, par les Écritures, ou la Parole (le Verbe), exclusivement, par la foi, exclusivement, en lui rendant gloire, exclusivement. Chacun de ces « exclusivements » en soi suffit. Si c’est vrai, si c’est vraiment exclusivement, c’est « ou », et non pas « et », donc ouvert, l’un sur l’autre, et il ne faut pas être « chrétien » pour recevoir le salut. La foi seule, ça suffit, recevoir la grâce, seule, ça suffit, s’orienter vers et suivre le Christ, ça suffit, écouter la parole biblique et la mettre en pratique, ça suffit, rendre gloire à Dieu seul, ça suffit. Et le sola scriptura est le principe formel d’où découlent les matériels, définissant le contenu, les quatre autres.

Conscient de dépasser le contexte polémique historique de l’époque de la formulation de ces principes2, je pousse leur exclusivité plus loin, non pas dans un sens de renfermement, mais, au contraire, dans une visée d’universalisation, donc une ouverture œcuménique et interreligieuse, voire humaine en général.

Que dois-je lire et étudier pour m’orienter dans ma vie et y trouver du sens ? La bible (les Écritures), ça suffit.

Comment tenir bon dans ma vie ? Avoir confiance, la foi ça suffit. Mais ?

Qui donne-moi l’exemple, qui dois-je suivre, quelle est la personne, la seul en laquelle je trouve LE sens de ma vie ? Dieu en Jésus Christ, c’est la source.

Et la finalité ? Le même, Dieu, et à lui seul tu dois rendre grâce. Maintenant tu sais ce que tu dois faire.

Rendre grâce ? Rendre ce qui me précède déjà, ce qui m’est donné, ça suffit. Il s’appelle amour ; ou Dieu.

Sois attentif à cet amour qui est déjà là, l’inconditionnel, qui est donné sans attendre un retour. Ce n’est pas l’éros, l’attirance, ni la philia, l’amitié et l’intérêt, c’est plus grand ; il s’appelle agapè, don de soi, sans sacrifice.

Et le bonheur ? C’est quand l’autre fait de même. Ce sont les œuvres.

Et l’Église ? Elle en découle, c’est la concrétisation de l’ensemble, sa réalisation et, par la concrétisation3, aussi son aliénation ; d’où la nécessité de la loi4.

Tous en sont capables, c’est ça la sainteté5.

C’est aussi ce qui nous fait chrétiens, que nous soyons chrétiens ou non.

Chacun des solus est universel, dit l’ensemble, et contient les autres en lui-même.

Le christianisme dépasse le christianisme, en soi il est œcuménique et interreligieux, au fond, ce n’est pas une religion, ou plus qu’une religion.

Chacun, chacune, qui dans sa vie reconnaît que l’autre le transcende, peut être chrétien.

C’est ça, la spiritualité ; l’œuvre de l’Esprit, ou de Dieu, pour ceux et celles qui se déclarent chrétiens, « témoignent », disent donc ouvertement que le Dieu de Jésus Christ, en celui-ci et par celui-ci, aujourd’hui, en son Esprit et par celui-ci, est à l’œuvre.

Les autres, ceux et celles qui ne reconnaissent pas eux-mêmes en l’autre et l’autre en eux-mêmes, donc le fait que l’autre les transcende et donne sens à leur vie, sont égocentriques, voire égoïstes. Ils se coupent finalement de l’amour agapè, inconditionnel, désintéressé et gratuit.

1Les particulae exclusivae de la Réformation

2Où l’exclusivité de chacun de ces principes visait un « contre » : la foi et la grâce contre les œuvres et leurs abus, donc la question de le justification, les Écritures contre une tradition trahissant l’Évangile, Jésus Christ contre une manipulation du peuple par et à travers les saints, etc.

3C’est du Tillich ; distinction entre essence et existence.

4La question de l’usage didactique de la loi reste ouverte ; j’y relie celle des œuvres (la liturgie), des sacrements et de la tradition.

5Même remarque que pour la loi, les œuvres, les sacrements et la tradition. Mais je pense que positivité, donc éthique de vertus, il y a, pas forcément fondamentale, par rapport au « salut », mais par rapport à cette concrétisation.

Armin Kressmann 2018

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