Du manque de génie de l’intelligence artificielle (Dall.e.2 openAI)

L’intelligence artificielle, l’algorithme, cet algorithme (Dall.e.2 openAI), quand on lui soumet une phrase comme « A drawing in India ink to the arietta adagio molto simplice et cantabile by Ludwig van Beethoven » ne saisit pas la musique (ce que vise quand j’improvise du dessin en l’entendant). Mais ce n’est pas étonnant, l’algorithme n’entend pas la musique, il part des mots et des phrases donnés, est donc au mieux musicologue, mais pas mélomane. Il cherche à partir de mots et de phrases qui lui sont soumis des images dans sa bibliothèque d’images et construit avec celles-ci, une énorme base de données (!), c’est son secret, de nouveaux images. Donc, quand on parle de sonate, d’arietta, d’adagio simplice et cantabile, il ne peut que sortir une partition de notes, quand on parle de piano un piano et quand on parle de Beethoven des images de Ludwig. De ce mélange d’images il fait de nouvelles images. Ce programme, incapable de traduire des mots en notes de musique, ne peut pas composer et encore moins ce que nous entendons traduire en traits, couleurs et images. Comme je l’ai dit ailleurs, il ne peut pas être créatif dans le sens imagination de ce qui n’est pas encore. Tout simplement, il lui manque le génie de voir ce que personne n’a jamais vu. Il ne peut que reproduire, puiser dans un univers donné, mais pas inventer un nouvel univers (paradigme), seulement varier ce qui est est déjà là (à l’intérieur du paradigme établi). Cependant, pour la grande majorité des êtres humains ce n’est pas si différent, même pas pour une bonne part de ceux et celles qui se disent artistes. Eh oui, le mimétisme artistique, faire comme si, l’imitation bien faite, c’est déjà pas mal (je serais content d’y arriver). C’est aussi la raison pour laquelle les algorithmes comme « Dall.e.2 openAI » vont toujours nous surprendre, nous qui avons de la peine à surprendre et émerveiller par notre imagination. En tant que théologien (« logos » pas « mania », la folie du mélomane !) je dis volontiers que l’Église est comme ce pauvre algorithme, le plus souvent dans l’impossibilité d’imaginer le « génie créatif » de Dieu en Christ pour en faire du nouveau, c’est-à-dire « règne de Dieu » ; elle n’est même pas capable de simplement reproduire ce que Dieu nous a donné en Christ, vivre la « fraternité chrétienne » et proposer celle-ci au « monde », ce qui fait que le monde n’est pas pire que l’Église (c’est peut-être le sens de la promesse). Ne lui reste que reproduire les dogmes, les rites et les doctrines proposés par ces quelques prophètes et disciples artistes qui avaient le génie d’entendre la musique inscrite dans les Écritures, la mélodie de la « partition ».

Armin Kressmann 2023

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