Luc 10,1-9 (11) – Lc 10,1-9 Prédication « Quand paix rencontre paix il y a Règne de Dieu » (Armin Kressmann, EERV Cathédrale de Lausanne 3.7.16)

Exégèse Luc 10,1-10(11)

Chers amis,

« Dans quelque maison que vous entriez, dites d’abord :

‘Paix, … paix à cette maison.’ »

Paix … à cette maison,

paix à notre planète,

à notre monde,

à notre pays,

à notre Église,

paix à vous,

à vous tous …

Paix entre les religions,

entre les Églises,

et les confessions,

paix dans l’Église,

. aussi dans la nôtre,

en ce moment … surtout dans la nôtre …

Paix entre nos familles,

et dans nos familles,

dans nos villages et dans nos quartiers …


Paix à ce monde, paix à cette maison …

Tout le monde, ou presque, le dit et le répète,

tout le monde le souhaite …

Tout le monde est touché,

– ils sont 72 envoyés, bâtisseurs de paix, envoyés par le Seigneur,

72, c’est-à-dire le nombre des nations du monde dans la pensée biblique …

Toutes les nations ont été touchées,

sont touchées,

tout le monde l’a entendu,

tout le monde le souhaite …

Pourquoi cela ne marche pas ?


Pourquoi, Seigneur, la guerre …, toujours et encore,

les armes, la violence,

la haine,

l’incompréhension,

la division,

les conflits …

même en Église,

dans notre Église ?


Chers amis,

faisons-nous partie des 72,

des ouvriers ou moteurs, promoteurs de paix ?

Ou, de l’autre côté, quand un des 72 nous adresse la paix,

la paix du Christ,

faisons-nous partie de ceux et celles que Jésus appelle fils et filles de paix

et recevons-nous en tant que tels

la bénédiction qui nous est offerte ?


Pourquoi cela ne marche pas, pourquoi cela ne marche pas ?

Seigneur, pourquoi ?


« Mais dans quelque ville que vous entriez et où l’on ne vous accueillera pas,

sortez sur les places et dites :

‘Même la poussière de votre ville qui s’est collé à nos pieds,

nous l’essuyons pour vous la rendre.

Pourtant, sachez-le : le Règne de Dieu est arrivé.’ »

Il semble que Jésus lui-même était conscient des limites de sa mission …

et la croix … a été le prix a payer …

Sa croix, pas la nôtre !


Alors, chers amis,

qu’est-ce que nous n’avons pas compris ?

La paix est là, elle nous précède,

et, semble-t-il, nous n’arrivons pas à l’accueillir.

Accueillir la paix ?

La paix, qu’est-ce que c’est,

une réalité réelle, quantifiable, abstraite, spirituelle ?


Ah voilà, regardez la paix,

elle est là,

elle est gratuite,

combien vous en voulez-vous ? …

peu, beaucoup …

un petit bout, ça vous suffit,

ah vous, … vous voulez tout,

et les autres, ne reste plus rien pour eux …

Pensez aux autres, s.v.p. …


Revenons donc au texte.

La moisson est grande …

et les ouvriers sont peu nombreux …

– à qui le dites-vous –

peu nombreux pour « aller là où il devait aller lui-même »

pour aller « devant lui, devant sa face … devant ses faces … »

La face du disciple devant la face du maître …

la face de l’autre – présence réelle du maître,

dans le face-à-face entre paix et paix,

paix donnée et paix reçue …

Accorder et recevoir la paix est une question de rencontre

dans un face-à-face qui assume le dépouillement, la nudité du disciple :

« Devant toi je suis démuni,

je n’ai pas de bourse, pas de sac, pas de sandale,

je me remets à toi, tel que je suis,

à toi, tel que tu es …

Ce n’est pas l’argent, ni tout autre bien

qui nous permettrait de faire la paix,

c’est moi, juste moi, nu, impuissant devant toi …

Si toi, dans ton impuissance

impuissance devant cette exigence de faire la paix,

tu te remets à moi,

toi, aussi dépouillé que moi,

toi, tel que tu es,

le Règne de Dieu qui s’est approché de nous

se manifeste dans cette rencontre même,

sans que nous ayons quelques chose à faire,

ni toi, ni moi.

Mais, si tu ne me reçois pas,

tel que je suis, avec mes multiples facettes,

je perds une peu de ma face,

l’une ou l’autre de mes facettes

qui nous aurait peut-être permis de nous enrichir mutuellement,

et ainsi ce Règne de Dieu qui est règne de paix

n’a pas de chance de se manifester,

de devenir visible, tangible …

ce Règne qui est déjà là,

avant nous, en nous,

ce Règne qui nous précède

en ce que nous sommes,

toi et moi. »


Chers amis,

quand nous nous regardons, les uns face aux autres,

est-ce que nous voyons un reflet du visage du Christ,

la face de celui qui nous devance,

et,

en son amour qu’il a porté à l’égard des siens,

– dont nous faisons partie -,

l’amour du Père lui-même,

l’amour inconditionnel …

cet amour qui se remet à l’autre,

entièrement, à son jugement,

qui remet sa personne et son destin à l’autre,

sans défense,

et qui assume les conséquences de son impuissance ?


Tu aimeras l’autre dans son altérité.

Il n’est pas seulement différent, il est autre ; autre que différent.

Tu l’aimeras de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force.

Tu le feras de toute ta personne, de ton âme et de ta pensée.

Tu accepteras qu’il t’échappera toujours, en tant que tel.

Tu ne pourras jamais le com-prendre,

le prendre avec toi, entièrement, tel qu’il est … profondément.

L’autre, pour toi, restera toujours autre …

comme l’amour est autre, tout-autre ;

il ne se laisse pas dé-finir ; il n’a pas de fin.

C’est lui ton Dieu ; et il est unique.

Ton prochain, celui et celle qui est comme toi, tu l’aimeras juste comme toi-même.

Tu aimeras comme toi-même celui et celle en qui tu te reconnais.

Ce que tu n’aimes pas en toi et chez toi,

on ne te demande pas de l’aimer chez l’autre.

L’autre, tu l’aimeras seulement de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force …

C’est ainsi que tu aimeras toi-même,

aussi et surtout dans ton altérité,

en ce que tu n’aimes pas chez toi-même.

Je sais que tu est spécial,

nous le sommes tous,

semblants, différents, même autres …

Tu es spécial, comme moi,

et tu fais partie de notre famille,

de ma famille,

famille au-delà de toute famille,

famille de celui que nous appelons, nous, les chrétiens,

Jésus Christ.

Amen

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