EERV – Le cadre dans lequel les collègues doivent évoluer (François Bonzon, pasteur)

François Bonzon, collègue pasteur, a réagi par lettre et en cinq points à ce que j’ai écrit dans ma prise de position, Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) – « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive »,, suite à l’article apparu dans 24heures, « Malaise et inquiétude dans les cures protestantes vaudoises ». Je lui en remercie. Il dit :

Je ferai 5 remarques :

  1. Si je te comprends bien, tu laisses entendre que certains collègues ont des difficultés à cause de leur profil particulier. Ils ne seraient plus portés par des paroisses bien disposées à l’égard de leur profil et prêtes à les soutenir comme autrefois le conseil de Granges-Marnand soutenait notre collègue Chavannes d’auguste mémoire. Je ne suis pas sûr que tu aies raison. Il me semble que certains collègues ont des difficultés alors même qu’ils n’ont pas de profil particulier ou que la paroisse dans laquelle ils arrivaient était prête à accueillir positivement leur profil. La difficulté est venue de problèmes de relation ou de caractère.
  2. Ce qui me semble avoir changé par contre, c’est qu’autrefois les collaborations étaient certes développées mais dans un cadre choisi par chacun. A part quelques situations particulières, nous n’étions obligés de collaborer avec personne. Nous choisissions les collègues ou les laics avec lesquels nous nous entendions bien pour réaliser des projets qui nous tenaient à cœur. Eglise à Venir, dont je reste convaincu que c’était une bonne chose, nous a obligés à collaborer avec des collègues et des structures que nous n’avions pas choisis. Le résultat fut de belles découvertes mais aussi des sources nombreuses de conflits.
  3. (Je suis le fil de ton texte). Tu parles de ce qui change . Je serai plus nuancé que toi sur cette question. Il me semble que, dans l’EERV, lorsqu’on parle de changement dans la société, c’est toujours pour expliquer une perte de terrain et jamais un progrès. S’il y a moins d’enfants au culte de l’enfance on dit que c’est à cause du changement de société mais s’il y a un succès dans la formation d’adultes, c’est à cause du charisme éminent de tel ou tel collègue. Finalement les changements de société deviennent oreiller de paresse pour ce que l’on fait mal ou pour ce dans quoi on n’ a pas envie d’investir de l’énergie. Je veillerais à ne pas apporter de l’eau à ce moulin-là.
  4. Plus loin, tu parles de « désinstitutionnalisation ». J’ai commencé mon ministère en 1969. La distance à l’égard de ce qui était institution, l’allergie à l’égard de ce qui était institution était très marquée, autrement qu’aujourd’hui, de façon plus agressive, mais marquée aussi. Et celui qui comme moi était pasteur au civil et officier de troupe à l’armée était considéré comme un cas particulièrement grave. Il faudrait voir si le problème de cette distance à l’égard de l’institution est le même quelle que soit la façon dont l’institution est représentée dans un lieu donné.
  5. Je souscris totalement à ton passage sur l’évolution des relations qui va, si je prolonge bien ce que tu dis, vers une assimilation d’un désaccord à de l’inimitié. Pour ma part, c’est le malheur qui est si lourd dans notre EERV. Et ça se manifeste dans l’usage curieux que nos édiles font du mot loyauté. Il n’est plus question de fidélité à l’Evangile ou même aux engagements de la consécration mais uniquement de non-contestation du CS et des RH. Et comme le manque de loyauté est considéré comme une faute grave, je vois des collègues qui n’osent plus contester ce qui vient de la rue de l’Ale. S’instaurent alors la peur de dire des choses qui risquent d’être redites plus haut, la gêne, le silence dans les colloques ou conseils et un malaise pesant en bien des endroits.

François Bonzon

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