Vulnérabilité et capabilité : besoins et capacités

Plus grande est la vulnérabilité d’une personne, plus importants sont aussi ses besoins. Plus petite sa vulnérabilité, plus grandes sont aussi ses capacités. Même si cette règle ne peut pas être transposée d’une réalité de vie à l’autre (et encore, tout dépend de la définition et de la délimitation du système, entre la personne et son environnement, – tel que Luhmann le fait -, la personne dans son environnement ou la personne étant un avec son environnement, – avec Bateson et von Foerster et leur cybernétique du 2ème ordre, si je vois bien ; cf. aussi l’article sur C.F. von Weizsäcker), elle me semble quand même valable à l’intérieur d’un seul domaine, le physique, le psychique, l’intellectuel ou le spirituel.

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L’ensemble des vulnérabilités d’une personne donne SA vulnérabilité, l’ensemble de ses capacités, SA « capabilité » , terme introduit par Amartya Sen d’abord dans l’économique (« capability«  en anglais), par lui et d’autres penseurs, notamment Martha Nussbaum, par la suite dans le social et le socio-politique. La « capabilité », néologisme français, désigne donc l’ensemble des capacités et compétences d’une personne, son « panier de capacités », qui présente sa liberté potentielle et qu’elle a droit à réaliser.

Ne s’opposent donc pas l’autonomie à la vulnérabilité, comme beaucoup pensent, mais la vulnérabilité à la capabilité. Et c’est l’hétéronomie qui s’oppose à l’autonomie, tout en disant que l’autonomie n’est jamais autre chose qu’une hétéronomie librement choisie. Quelle est la loi, le nomos, auquel tu veux te soumettre en tant que sujet (assujetti) ? Ce dernier développement est tout particulièrement intéressant par rapport à une transcendance potentielle, Dieu évidemment : si je me soumets à une injonction venant d’ailleurs, je serai libre par rapport aux normes d’ici. Ce principe se réalise dans la théonomie. Nous touchons ici au fondement de l’éthique : celle-ci, est-elle transcendantale, comme Wittgenstein le prétend par exemple ?

Ces réflexions nous amènent à une autre distinction fondamentale, celle entre une approche médicale et une approche éducative des patients ou résidents :

la vulnérabilité est liée à une logique de déficits, la capabilité à une logique de potentialités, donc de possibilités. Les capacités sont à soigner et développer, les besoins liés à de déficits à combler, « nourrir » (racine al-, « alimentation ») :

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Travailler à partir des besoins (et déficits) est une logique médicale (CIF), travailler à partir des capacités, donc de la capabilité, une logique éducative.

Armin Kressmann 2009

« Vulnérabilité et capabilité 2 : l’évolution à travers l’âge

Vulnérabilité et capabilité 4:  réalisation de soi – adolescence et  abolescence»

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