Pourquoi, Seigneur ? (prière)

Seigneur, j’en ai assez de ce corps tordu que tu m’as donné. J’en ai assez de ce corps blessé qui attire les regards curieux, hostiles. J’en ai assez de ce corps raté.

Pourquoi Seigneur, pourquoi un tel cadeau ? Mes efforts pour me séparer de ce corps, au risque de détruire ma vie, te laissent-ils insensibles ?

Pourquoi Seigneur, cette unique réponse : « VIVRE », comme si je pouvais vivre avec ce corps tordu, blessé, raté ?

Quand les autres s’en vont sur leurs deux jambes, moi je reste, incapable, dépendante.

Les seuls pas, les seuls mouvements que je fais sont pour ramasser ce corps si souvent repoussé. On dirait un vieux temple, une vieille église, qui malgré sa vétusté abrite encore la vie. Oui, on dirait un désert qui cache quelque chose de merveilleux.

Ce corps rongé par le mal qui permet la vie n’est-il pas le signe de ton triomphe, Seigneur ?

Tu as vaincu le mal et la mort.

La vie ne peut plus être détruite.

Ce corps que j’allais repousser, ne peut-il pas servir à annoncer ta gloire ?

Ce corps dont personne ne voudrait, ne puis-je pas l’aimer ?

Je viens crier à tous mes frères: « J’ai retrouvé mon corps ! Il est pourri, mais il abrite ma vie et rien ne le détruira. J’ai retrouvé mon corps. Je veux en faire le lieu de la résurrection du Seigneur. »

(Prière composée au sein d’une communauté eucharistique de Lyon à laquelle participent plusieurs personnes handicapées. Tirée de la revue « RECHERCHES ».)

Texte catéchétique faisant partie d’une série publiée en 1999 lors du centenaire de la Fondation Eben-Hézer, fondée par Julie Hofmann :

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