La bioéthique classique, ce qu’on appelle aussi le « principlisme », se fonde sur quatre grands principes :
- L’autonomie
- La bienfaisance
- La non-malfaisance
- La justice ou l’équité
Ces principes sont posés sans trop se soucier de leurs fondements. Ils trouvent un consensus là, – au niveau du fondement philosophique, idéologique, théologique, spirituel, etc. -, où il y aurait diversité, où des familles morales se regrouperaient d’un côté (« moral friends » ), des familles morales s’opposeraient de l’autre côté (« moral strangers »). Les principes sont simples et opérationnels, c’est l’essentiel, notamment dans la recherche biomédicale (d’où ils viennent à l’origine), un peu moins dans la clinique . Ils font plus ou moins l’unanimité, même si, dans leur application, il y a de nouveau diversité et surtout le problème de leur hiérarchisation : en situation concrète, lequel des quatre principes est prioritaire ?
A partir de quelques choix philosophiques pris (pour l’autonomie son insertion dans l’une ou dans l’autre théorie libérale, quel libéralisme ? cf. plus bas), en regardant de plus près, on peut regrouper les quatre principes en deux grandes voies. Que bienfaisance et non-malfaisance ont une parenté se montre déjà par l’étymologie. Dans une vision déontologique kantienne, autonomie, justice et équité se retrouvent (par l’universalisation ; l’impératif catégorique : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle » ).
Déjà le Rapport Belmont, un des textes fondateurs de la bioéthique dit :
« Le principe du respect des personnes se divise … en deux exigences morales distinctes : reconnaître l’autonomie et protéger ceux dont l’autonomie est diminuée. »
H. Doucet ajoute :
« De ce principe découle son application : le consentement éclairé. »
Alors, à partir de là, il y a deux grandes sources à explorer, l’autonomie (avec la justice et l’équité) et la bienfaisance (avec la non-malfaisance). C’est ainsi que procède aussi Tristram Engelhardt, qui, dans la deuxième édition de son livre « The fondations of bioethics », fait le pas de l’autonomie au consentement ; il ne parle plus de « principle of autonomy », mais de « principle of permission ».
Armin Kressmann 2004