Écoles vaudoises – Visites des classes : Pâques au-delà du religieux (une laïcité ouverte)

Collège de Prélaz, Sud-Ouest lausannois (Suisse), c’est ici que je viens d’accomplir mon lot de visites des classes :

Dix classes, 4ème et 6ème primaires (HarmoS), deux cents élèves.

L’accueil est chaleureux, tout a été préparé, je suis bienvenu ; ceci n’est pas, ce n’est plus évident. Lors de mes passages, je découvre, moi le pasteur protestant (EERV, Église évangélique réformée du canton de Vaud), selon le dire des enfants à peu près :

  • 10 % Vaudois, 10-15 % d’autres Suisses, une trentaine de nationalités : Portugais, Espagnols, Italiens, Français, Albanais, Kosovars, Bosniaques, un Serbe, l’Afrique du Nord, Marocains, Algériens, Tunisiens, l’Afrique Subsaharienne, la Somalie, l’Érythrée, le Congo, le Ghana, l’Amérique du Sud, l’Asie, quelques enfants du Sri Lanka, le Bangladesh, une enfant tibétaine, quelques enfants de l’Amérique du Nord … et j’en ai oublié
  • 40 % catholiques …
  • … 40 % musulmans, je ne sais pas lesquels des deux sont majoritaires
  • 5 % protestants
  • puis les autres : hindous, bouddhistes, orthodoxes, « athées », « rien » …

Et nous parlons de Pâques !

Même pas Abraham, le « père des croyants », ne les réunit.

Quel est donc le dénominateur commun, en matière de spiritualité, qui nous permet de partir d’un fondement commun pour différencier par la suite ?

Regardé à partir de la science (la raison scientifique), c’est la vie en elle-même qui est au centre de la démarche,

regardé à partir des besoins des enfants, des familles, de l’école et de la société, c’est le vivre ensemble.

Se rejoignent donc, au niveau de la connaissance, première tâche de l’école, transmission de savoir (scientifique) et responsabilité éducative.

Avec le printemps, le renouveau de la nature, le cycle des saisons, la question de la reproduction (« les oeufs et les lapins »), tous, quelque soit leur origine et leur appartenance à une religion ou adhésion à une idéologie, regardent la même réalité (en occurrence Pâques) : la vie dans toutes ses formes.

Cependant, chacun, chacune la regarde à partir de son lieu, son point de vue, son origine. C’est ici que l’universalité n’est pas évidente, mais doit être cherchée, développée et travaillée : à partir de la volonté de vivre ensemble et au service de la vie, de tous et de tout (« éco-logique et oecu-ménique »).

« La ‘vie bonne’ avec et pour autrui, – ou la vraie vie avec et pour l’autre -, dans des institutions justes », dirait Paul Ricoeur.

Nous avons donc un double fondement, ou une double universalité, celui ou celle de la raison scientifique qui porte son regard sur la vie et où il s’agit de transmettre du savoir qui est indépendant des origines1 des élèves

et celui ou celle d’une volonté commune englobant les différents points de vue liés aux origines et aux appartenances, c’est-à-dire une volonté de travailler une éthique commune, au même temps universelle (humaine ou humaniste) et locale (spécifique au contexte, aussi de l’école et de la composition des classes), dont la clé est déjà d’accepter de regarder ensemble ce qui est proposé, apparaît et advient.

Dans dans la pratique, aussi celle des visites des classes, il s’agit d’appendre

« qu’on peut voir, au même temps, la même chose (l’apparition de la vie) et autre chose (la vie et le vivre ensemble tels qu’on les voit à partir des différents lieux) ».

Commun aux différents regards est déjà le fait qu’existent différents regards, l’acceptation de ce fait, son partage et la volonté de changer la perspective là où cela devient nécessaire pour comprendre ce qui se passe dans le vivre ensemble.

Armin Kressmann 2014

1 … mais un savoir à soumettre à la critique par la raison (scientifique)

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