Non, le malheureux n’est pas heureux !
Celui ou celle qui pleure,
le pauvre,
celui qui a faim et soif de justice,
non, ils ne sont pas heureux.
Et le royaume de Dieu comme promesse d’avenir, au-delà, ne leur suffit pas non plus.
Pour comprendre ce que Jésus veut dire, nous devons aller plus loin.
Tous ces gens,
le pauvre, le doux, le miséricordieux,
celui ou celle qui pleure,
celui qui est en recherche de justice et de paix,
celui qui est persécuté, insulté, exclu, faussement accusé, dénigré, humilié, stigmatisé,
à cause du Christ ou pour d’autres raisons,
qu’est-ce qui les réunit ?
Serait-ce un vide ? Un désir ?
Un manque, une dépendance,
un espace, un creux,
quelque chose qui aspire à autre chose
et peut devenir matrice pour autre chose,
lieu d’accueil, de naissance, de renaissance et de résurrection.
Déclarer ou désigner ces personnes heureuses ou bienheureuses ne peut donc qu’être invitation, mise en marche, motivation pour aller ailleurs, sortir, renaître
vers un réalité autre, celle qu’on appelle règne ou royaume de Dieu,
promesse qui devient projet.
Il y a projet pour vous,
projet de vie qui n’attend que de se réaliser,
de s’inscrire dans l’histoire du salut,
votre histoire et celle de ce que nous appelons Église ;
davantage, quand il y a inscription dans une histoire collective,
et seulement en ce moment-là,
il y a cette réalité que nous appelons Église.
Sinon Église est monde, rien d’autre que monde,
où est heureux, bienheureux,
celui et celle qui n’a ni soif, ni faim,
qui n’est pas pauvre, mais riche,
et qui ne pleure pas.
C’est ainsi que nous devons attaquer les Béatitudes,
sinon, celles-ci ne défendent qu’un ordre de pouvoir mondain préétabli et injuste, qu’on appelle monde, Église ou autrement, celui qui dit :
« Vous êtes bienheureux, d’accord, pourquoi pas, mais nous, nous sommes riches. »
Armin Kressmann 2014