L’enfant de Noël ou de l’Épiphanie est l’enfant crucifié, l’enfant en nous-mêmes que nous crucifions (devons crucifier) en devenant « adultes » (« hautain » ; de la même racine). Le retrouver, comme et en tant qu’adulte, est résurrection.

La finalité de Noël est Pâques, et la finalité de Pâques est Noël. Il s’agit toujours de naissance.

(avec la TOB ; Traduction œcuménique de la Bible)

« Le Christ est-il divisé ? » – 1 Corinthiens 1,1-17 ; le texte (TOB)

v. 1 Paul « apôtre »

cf. aussi Romains 1,1

« appelé à être apôtre »

« apôtre par appel », par vocation

« La même formule est appliquée aux saints, c’est-à-dire aux chrétiens dans Rm 1,7 et 1 Co 1,2 : saints par appel »

Appel et appartenance font sainteté et apostolat ; « apôtre », « chargé de mission », mission universelle, dans la continuation de celle du Christ, « jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,19-20).

v. 2 « Église de Dieu » ou « assemblée de Dieu »

Deutéronome 23,2-9 : « assemblée du Seigneur »

« Rassemblement du peuple convoqué par Dieu. Elle désigne ici l’Église locale où se fait concrètement ce rassemblement. Mais le lien avec l’Église universelle est fortement affirmé ici ».

« être sanctifié dans le Christ Jésus »

« appelés à être saints »

« avec tous ceux qui invoquent en tout lieu le nom de notre Seigneur Jésus Christ »

Joël 3,5 « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé »

v. 4 « je rends grâce à (mon) Dieu »

« la grâce de Dieu qui nous a été donnée dans le Christ Jésus »

v. 5 « comblés de toutes les richesses »

de la parole ; « logos »

et de la connaissance ; « gnôsis », connaissance comme action

v. 7 « don de la grâce » – « charisme »

v. 9 « appelés à la communion avec son fils Jésus Christ, notre Seigneur »

« koinônia », « communion, participation », « Teilhabe, Teilgabe und Teilnahme », « sie ist das Ziel der Berufung Gottes » (Schlatter), comme finalité de l’appel de Dieu ou de la vocation, « l’union avec son fils » (français courant)

Quel lien avec le règne de Dieu, donc la conversion ?

A travers le paradoxe et le scandale de la croix (v. 17) ? Donc un retour sur la condition humaine (qui est profondément condition chrétienne, et condition handicapée), où le don (de soi-même, le dépouillement, donc l’offrande de ce qu’on est et de ce qu’on possède, – « maîtrise », ses compétences, ses pouvoirs, ses « charismes », « dons de grâce » v. 7), à autrui (les offrandes des mages, des savants lors de de « l’Épiphanie ») devient lieu de « bonheur » (cf. Béatitudes), pas le fait d’offrir en tant que tel, – ce serait justification par des œuvres -, mais ce qu’il induit, ce à quoi il ouvre.

L’offrande pas seulement pour honorer l’ultime, « l’enfant », mais aussi et peut-être surtout pour se « débarrasser » de ce qui encombre, qui pourrait être et risque de faire « ob-stacle » à cette accession à la communion et au règne promis, « l’enfant » en soi-même.

v. 3 « à vous grâce et paix »

« Salutation et action de grâce » (TOB), qui sont aussi affirmation et promesse (« confirmation objective ») d’une « oikumène » qui nous précède en Jésus Christ, le Christ Jésus, cet enfant de Noël et de l’Épiphanie qui nous renvoie à notre enfant, la condition humaine, chrétienne et « handicapée » (en situation de handicap, « l’enfant crucifié »).

L’universalité est donnée (grâce).

Qu’en faisons-nous, c’est ça la question et l’enjeu, et non pas l’inverse, une quelconque universalité (« catholicité ») à construire. Nous sommes tous catholiques ! Rien à construire, tout à recevoir (« charisme »), à redécouvrir (« apocalypse ») et accueillir (« action de grâce »).

Conséquence logique est :

v. 10 « dites tous la même chose », « pas de division, être unis »,

non pas comme exhortation, quelque chose à chercher ou à faire, mais comme reconnaissance du fait que devenir et être « adulte », – donc d’être institué (« Église » institution au lieu de communion), de vouloir confirmer (soi-même) au lieu d’être et de se laisser confirmer (par Dieu lui-même) -, est aliénation, donc péché (inévitable, comme le fait que l’être raisonnable doit devenir adulte, « autonome »). Disons ce qui est en Jésus Christ, Dieu lui-même : nous sommes enfants ! C’est la destiné du croyant ; ce n’est que la raison qui est adulte ; la foi, la confiance, ne l’est jamais ; sinon, ce n’est pas confiance. Mon raisonnement ici même m’éloigne de Dieu et de son royaume. Ce n’est que dans les rires et les pleurs de l’enfant face à sa mère que nous disons tous la même chose. Devenir et être adulte divise.

« La même chose » est une personne ! C’est la personne toute entière, qui, au mieux dans son aliénation d’adulte, ne peut dire en tant que croyant que ce que dit Paul à travers les versets 1 à 9 et ce qui suit à travers le paradoxe de la sagesse et de la folie, de la force et de la faiblesse. Dire « la même chose » : une personne, le Christ Jésus.

v. 11 « discordes »

 

v. 12 l’explication :

« Chacun de vous parle ainsi : ‘Moi j’appartiens …’ », ou « je pense, je crois que …, j’ai raison … », même « moi à Christ » quand il est pris comme argument distinctif et polémique, sans reconnaissance du fait que « grâce à Christ tous à Christ ».

v. 13 Ce Christ-là, « est-il divisé » ?

« Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? »

v. 17 « annoncer l’Évangile »

« sans recourir à la sagesse du discours », ce qui dit ce que j’essaie de dire à travers notre « enfance »

« pour ne pas réduire à néant la croix du Christ », seul fait qui compte, dans toute son universalité, au-delà du christianisme et sans vouloir ramener tout au christianisme

Hors Christ pas de salut, hors Église(s) tout est possible, aussi en Église.

Développement en ce qui suit : la sagesse et la folie de Dieu et des hommes

« La sagesse de Dieu, mystère et cachée » (1 Co 2,7)

« Ce qui est en Dieu, personne ne le connaît, sinon l’Esprit de Dieu » (1 Co 2,11)

« Le fondement qui est en place : Jésus Christ » (1 Co 3,11)

« Être en Christ, et Christ est en Dieu » (1 Co 3,23)

Armin Kressmann 2014