Bientraitance – Bienfaisance en institution

Bientraitance signifie dignité.
Bientraitance signifie beauté.

Elle dit : « Tu es beau, tu es belle, tu es digne, tu es une personne », et, par rétroaction, « Je suis beau, je suis belle, je suis digne, je suis une personne. »
Nous sommes, en tant que personnes, dignes, en soi, dignes d’être bien traités.

Ainsi, pour bien traiter, il ne suffit pas de lutter contre la maltraitance, par des règles, des normes, des procédures et des interdits. La bientraitance a une positivité qui ne se réalise pas par simple interdiction de maltraitance. La bientraitance est un projet permanent. Une charte ne suffit pas ; au mieux, celle-ci peut définir un cadre dans lequel bientraitance et bienfaisance, liberté, autonomie et justice peuvent se déployer, sous condition que joueurs et intervenants savent jouer le jeu de la bientraitance.

La bientraitance exige donc un apprentissage, une formation et des entraînements ; elle est finalement une attitude, une posture, un style de vie.
Bien traiter comporte une dimension esthétique positive qui demande un certain génie, un charisme qui, à partir de ce qui est donné, s’apprend, se développe, s’entraîne et se maintient.

Bien traiter est une profession, demande du professionnalisme et professe ce que nous sommes et ce que nous croyons. C’est le lieu où nous mettons notre personne en jeu, donc aussi un lieu ou nous risquons ce que nous sommes, c’est-à-dire nous-mêmes.
Nourrir ne suffit pas, laver, coucher et lever non plus.
Bien traiter est faire des soins un prendre soin qui dépasse les soins, des événements qui représentent autre chose, un dépassement de soi, c’est faire du nourrir un repas, de la douche une danse, de l’accompagnement une partie de jeu qui fait de son vis-à-vis un sujet qui représente ce à quoi nous nous assujettissons afin d’être sujet et d’être reconnus comme sujets.

Et c’est là où l’institution touche à sa limite, mais, en même temps, indique aussi sa fin (finalité, son but final). Elle peut définir le jeu, mais elle ne peut pas imposer la qualité ou la beauté du jeu. Ces dernières dépendent des compétences, du savoir faire et du savoir être, donc du génie des joueurs, des acteurs dans le jeu.
Le sens de l’institution n’est pas dans l’institution. Le sens la transcende. En jouant bien, en traitant bien nous indiquons quelque chose, nous reconnaissons quelque chose et nous nous reconnaissons en quelque chose. Bientraitance est reconnaissance. Bientraitance est connaissance (« Erkennen ») et reconnaissance (« Anerkennen »), finalement foi, « fiance », confiance.

Bien traiter est jouer et signifier la dignité, la mettre en scène, celle de celui ou de celle qui est bien traité, mais aussi, en même temps, celle de celui ou de celle qui traite bien. Formellement, bientraitance est « valorisation des rôles sociaux », elle est signe de qualité qui transcende toute démarche de qualité.
Comment passer d’objet à sujet de la démarche qualité est l’enjeu du jeu. Ce passage n’est possible que dans une institution qui reconnaît sa limite et s’ouvre à quelque chose qui la dépasse et qui est de l’ordre du spirituel.

Quelle est l’instance ultime que nous reconnaissons tous, à laquelle nous sommes prêts à nous soumettre pour devenir sujets ? Et dans quel sens voulons-nous orienter nos actions pour qu’elles aient et fassent du sens ?

Armin Kressmann 2013

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