Improvisations exégétiques – Prochainement sur « youtube »

Avec mon collègue pasteur Guy Labarraque, aumônier de jeunesse et au gymnase,  nous avons commencé à mettre en scène des textes bibliques. Notre jeu est clownesque. Il s’avère que l’improvisation fait sortir des éléments intéressants, autant au niveau exégétique qu’au niveau dogmatique. Dans le prologue de Jean, – évangile selon Jean, chapitre 1, les versets 1 à 3 -,

  • la séparation entre Dieu et la Parole (le Verbe)
  • la Parole et le texte
  • le texte et l’esprit du texte

nous met devant des questions non seulement contradictoires et aberrantes qui, en l’occurrence, font « rire », mais nous conduit à des problématiques plus fondamentales.

Le « fondamentalisme » du clown remet en question ce qu’on croyait évident. Cependant, l’intérêt de notre manière de procéder réside moins dans le clown que dans l’improvisation. Elle se défait de tout a priori.

Notre méthodologie est de prendre le texte d’abord verset par verset et de les mettre en scène.

La vidéo nous permet d’y revenir et de reprendre ce qui nous parle.

Ce qui nous semble marcher est finalement mis dans un ensemble. Le résultat sont des clips vidéo de quelques minutes :

Jeu clownesque, Guy Labarraque et Armin Kressmann

Improvisations exégétiques entre l’UN et l’AUTRE sur le prologue de Jean, versets 1 à 3

Eléments de scène

Articulations verbales

Au commencement, la Parole existait déjà. La parole était avec Dieu et la parole était Dieu. Au commencement, la Parole était avec Dieu. Par elle, Dieu a fait toutes choses et il n’a rien sans elle.
Lecture du texte par l’UN

L’UN lit le texte, l’AUTRE écoute. L’UN reprend son l’AUTRE qui ne se tient pas bien.

Incompréhension

Je ne comprends pas – moi non plus

Reconstitution

Enquête – enquête policière

Attribution des rôles et discussion : Dieu et sa Parole

Acceptation des rôles et différence

Pourquoi l’un et pas l’autre

Dieu, parce que je suis vieux – Pourquoi ?

Au commencement, la Parole existait déjà.

Dieu explique et ne veut pas que la parole parle

– C’est toi qui existe – Donc toi tu n’existe pas– C’est toi qui parle, mais tais-toi !

– Je ne peux pas exister si je ne parle pas !

– Le texte dit que tu existes, mais il ne dit pas que tu parles

La parole était avec Dieu et la parole était Dieu. Au commencement, la Parole était avec Dieu.
La parole est avec Dieu – la Parole se met derrière

– Ne me colle pas comme ça – Je colle au texte

– Tu es moi

– Je ne comprends pas (la parole ne sait pas quoi faire et quoi dire)

– La parole était Dieu donc c’est moi qui parle

– Oui mais Dieu doit se tenir au texte

– Si elle était au commencement avec Dieu, ça ne veut pas dire qu’à la fin elle y était toujours

Par elle, Dieu a fait toutes et choses et il n’a rien fait sans elle.

La parole fait toute chose

– Il n’a rien fait sans elle– Je fais en parlant

– Je te nomme – Non pas moiLa parole fait et chaque fois qu’elle aperçoit Dieu, ce dernier s’échappeLes deux regardent le monde créé et le commentent

Conclusion

– Reviens au texte – qu’est-ce qu’il dit le texte ? – Parce que tu ne t’en souviens pas ?– J’ai besoin du texte

– Le texte n’est rien sans la parole

– Prends le texte – Mais pas à la lettre, je ne suis pas fondamentalisteLa parole résiste – elle fait silence

Dieu respire et peut souffler son esprit

Le résultat sera prochainement publié sur « youtube ». 

Armin Kressmann 2013

Une réflexion au sujet de « Improvisations exégétiques – Prochainement sur « youtube » »

  1. Mon collègue s’interroge : « Je me demande si avant de publier l’affaire nous ne devrions pas encore le filmer une fois pour le peaufiner. »

    Je luis réponds :
    Aussi longtemps que nous restons dans le genre de l’improvisation chaque variante aura ses forces et ses faiblesses. Toute autre démarche serait d’en faire un numéro, ce qui donnerait un spectacle. Les deux approches sont finalement opposées, aussi théologiquement … Une question de souffle et de liberté d’E/esprit. La vidéo est déjà une fixation, une sorte de mise en canon, donc basculement vers une dogmatique. On pourrait aussi travailler avec des variantes, reprenant ainsi la critique du texte biblique.

    Finalement, que voulons-nous (en publiant) ? Des impros exégétiques ou des propositions stabilisées, une illustration du cheminement ou un résultat ? Qu’est-ce qui compte, la démarche (« fides qua »), – les vidéos comme illustrations d’une méthode, voire d’une méthodologie -, ou les résultats de la démarche (« fides quae »), un message (de nouveau contrôlé), – les vidéos comme « vérités », une nouvelle dogmatique ; « regardez ce que nous avons trouvé ! » ? Le tout est finalement dialectique : « une dialectique clownesque », la démarche clown comme dialectique, – les bascules préfigurant croix et résurrection. N’est-ce pas le chemin qui compte ?

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