Penser « Dieu est amour » comme équation scientifique ?

Science est penser selon des règles (lois, formules, méthodes, etc.).

« La science est dans son rôle en ne connaissant d’autre être, d’autre réalité, que celle qu’elle enferme dans ses formules. » (Boutrou[1])

Penser sans règles, est-ce possible ?

Restent toujours les règles du langage.

Peut-on penser sans langage ?

Quand mon cerveau pense, me pense, selon quelles règles (me) pense-t-il ?

Tout penser serait donc science ?

Est-ce que penser hors science est possible ?

Ou science ne serait qu’un penser selon certaines règles, des règles données, définies ? Par qui, par quoi ? Science, rien d’autre qu’une construction pensée par quelqu’un ? Pensée selon quelles règles ou critères ?

Et si ce n’était qu’un jeu de pouvoir et d’intérêts personnels ? Académique, communauté fermée, donc subjectif, et non pas universitaire, universel, « objectif » ?

Science comme langage ? Donc langages et dialectes ? Comme religion comme langage (Lindbeck) ? Science religion – science, religion, quelle différence ?

« Rien n’est plus contesté, ni depuis plus longtemps, que l’origine du latin religio. … pour des raisons tant sémantiques que morphologiques, le mot se rattache à relegere ‘recollecter, reprendre pour un nouveau choix, revenir à une synthèse antérieure pour la recomposer’ » (Emile Benveniste)

Ou serait-ce le résultat qui ferait d’une pensée une pensée scientifique ? L’application, l’utilité ou l’efficacité ?

La bombe atomique comme pensée scientifique ultime, la destruction de la science par la science ?

Ou son contraire, son évitement ?

Et si cet évitement induisait la guerre[2] ?

Y a-t-il des pensées qui ne sont pas pensées, mais données, inspirées, « révélées », comme ça, des « Geistesblitze » ou « Einfälle » (qui « einfallen », « tombent dedans », dans le cerveau) ?

L’intuition ? Que la guerre n’est pas une « bonne idée » ? En conséquence, l’efficacité ultime non plus ?

Ou la foi ? Pensée sans avoir été pensée : je crois que … et j’agis en conséquence.

« Au commencement était le Verbe, ou la Parole, le logos. » (Jean 1,1)

Pourquoi « était » ? Serait-ce la nuance entre science et religion, « l’est » et « l’était » ?

« logos – legere … relegere … », c’est intriguant …

bio-logie, psycho-logie, socio-logie, théo-logie … re-ligion … ?

Sommes-nous nés, « tombés », dans une pensée et un penser qui nous précèdent, pas historiquement, mais fondamentalement ?

Y a-t-il une pensée ou un penser qui me pense ?

Je suis pensé, donc je suis. Et non pas : je pense, donc je suis.

La volonté, vouloir comme penser ?

Je veux, donc je suis (auto-nomie).

Ou quelqu’un veut que je sois (hétéro-nomie). Dépassement de tout handicap.

Pure dignité (humaine) : la paix.

Ou que je ne sois pas : la guerre.

Tout dépendrait donc du nomos. Quelle maxime, quelle règle, quelle volonté, quelle loi ?

Quelle science ?

« Dieu est amour » comme équation scientifique fondamentale ?

Armin Kressmann 2012


[1] Cité in : André Lalande ; Vocabulaire technique et critique de la philosophie ; PUF, Paris 1985, p. 955

[2] cf. La crise de Cuba

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