Significations du handicap mental – Faire étape 4 : Pour l’éthique théologique la condition humaine est condition handicapée assumée

  • Quel Dieu, quand il n’y a pas de miracle ?
  • Comment lire les miracles quand il n’y a pas de miracle ? 
  • Quelle théologique quand il n’y a pas de miracle ?
  • Quelle médecine quand il n’y a pas de guérison ?

Une éthique aux limites de l’éthique, – quand l’éthique est au bout de l’éthique, et la médecine au bout de la médecine, quand l’éthique a perdu sa morale et la médecine sa science, quand il s’agit de personnes et de leur finalité ultime, qui, celle-ci, se trouve en la personne elle-même -, ne peut être que « théologique » et « christologique », dans le sens d’une incarnation de l’ultime en une personne donnée, se donnant librement et agissant en se donnant librement, ce que nous appelons amour ou « révélation ». Dieu se révèle en se donnant, et se donnant il libère, ce qui fait du don, donc de la soumission (« sujet »), une libération, libération à travers le don, le don de soi-même.

« Er (Gott) bleibt frei, indem er wirkt, indem er sich gibt. » (Karl Barth; Kirchliche Dogmatik I/1 ; Kaiser, München 1932, p. 391)

„Dass Gott Gott … ist, das bedeutet freilich auch (und gewiss in der Mitte !), dass er siegreich im Widerspruch gegen den Widerspruch des Menschen und siegreich als Helfer in dessen Not, sein Versöhner ist.“ (Karl Barth; Kirchliche Dogmatik I/2 ; Evangelische Buchhandlung, Zollikon 1938, p. 976)

 … und als solcher, und der Mensch mit ihm, keine anderen Wunder braucht. Gott versöhnt den behinderten Menschen mit sich selbst, als unbehinderter Mensch mit Behinderung. Das heisst : Gott ist.

C’est l’essence de la condition humaine à l’horizon de la foi ; cela vient d’ailleurs, mais se vit ici et aujourd’hui.

Dieu réconcilie l’humain avec lui-même, l’humain dans son humanité, en tant qu’humain handicapé sans handicap.

„Gottes Lieben ist Selbstzweck.“ (Karl Barth; Kirchliche Dogmatik II/1 ; Evangelische Buchhandlung, Zollikon 1940, p. 313)

Le sens de l’amour est dans l’amour.

Ensemble, « en situation de handicap » (CIF), dans des constellations de vie dynamiques, entre ce que je suis et ce que je deviens, ce que je suis et ce que les autres font de moi :

« Je suis toile ! »

Dans l’espace et dans le temps. J’ai un lieu, une place, et j’ai une histoire ; la dire est me dire.

« Je suis qui je suis, je serai qui je serai, je suis qui je serai et je serai qui je suis. » (Exode 3,14)

Pas de fatalité, mais une liberté fragile, donc une éthique fragile :

Guérison sans guérison ! Je boîte, donc je suis. Le Cogito est brisé, tant pis ; ou tant mieux.

Parce que je suis aimé, révélation de moi-même à moi-même en ce que je suis, deviens et serai.

« Da ! », encore une fois.

« Discordances du moi – Unité personnelle transductive » dirait Simone Romagnoli.

Une plasticité du moi, dans l’unité de la personne.

Ne reste comme obstacle, scandale, que la souffrance, ou le mépris … Dieu se cache.

Soulagement est ainsi révélation, respect manifestation, épiphanie : « Da ! »

Quand l’autre est là, Dieu se manifeste. Dans les deux sens.

« Der Mensch wird am Du zum Ich. » (Martin Buber)

Je suis quelqu’un, mais aussi et surtout parce que fait quelqu’un, appelé, par un nom. La foi dit : « Tu es quelqu’un. »

« Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. » (Esaïe 43,1)

Pour la foi, c’est ainsi que l’axiome de la dignité humaine est posé, c’est même ainsi que cette dernière est fondée, cette fois-ci a posteriori, plus a priori, comme pour Kant. Pour la foi la dignité humaine est fondée, parce qu’elle lui est révélée.

Être là est profession quand le professionnalisme échoue.

Et quand je ne peux plus, relayez-moi. C’est le sens de l’institution, c’est le sens de l’Église. Pour que la condition humaine reste humaine, parce que Dieu le veut.

« Was sollen wir tun ? Die christliche Form dieser Frage lautet : Was ist uns von Gott geboten ? Wie verstehen und bewähren wir die uns von Gott geschenkte Freiheit ? » (Karl Barth ; Kirchliche Dogmatik III/4 ; Evangelischer Verlag, Zollikon 1951 ; mon année de naissance)

Demandé par Dieu, ni l’Église, ni la loi, ni l’éthique, par le vis-à-vis par excellence, dans le face à face de la rencontre.

Armin Kressmann 2012

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