Quelle est la « lex artis » d’un accompagnement spirituel qui veut être chrétien ?
La libération par théonomie, c’est-à-dire « le pouvoir à l’autre », une soumission (hétéronomie) qui nous fait « su-jet », donc autonome par rapport à toute autre instance que l’autre. Une autonomie qui choisit librement l’autre comme référence ; elle est libre par rapport à elle-même.
L’accompagnement spirituel est « kénotique », comme disait Charly, il se dépouille lui-même. Il est christologique, et cela même pour les non-chrétiens. Sinon il est religieux ; et devient ainsi autonome, donc plus christologique. Une autonomie qui se choisit elle-même comme référence ; elle n’est plus libre par rapport à elle-même.
Ne confondons donc pas foi et religion.
Se soumettre à une instance qui est toute autre, « Dieu, le tout-autre », refuse toute autre soumission, toute autre soumission quel celle qui se soumet à l’autre.
L’autre a toujours raison, jusqu’au moment où il a raison. C’est toujours l’autre qui a raison.
L’autre est toujours Dieu, Dieu est toujours l’autre.
Le fou n’a jamais raison ; c’est la raison pour laquelle il a toujours raison.
Aussi longtemps que l’aphasique ne parle pas, il faut entendre sa parole.
En bref, c’est le même qui nous enferme ; il est autoréférentiel et tourne sur lui-même.
La répétition du même est le mal.
Faut-il être non-chrétien, ou athée, pour être chrétien ?
En tout cas croire en l’autre.
Armin Kressmann 2012