Rapprocher science et spiritualité, – en conséquence aussi et surtout l’accompagnement spirituel -, est une tentative vaine[1], issue du simple désir de se faire reconnaître en tant qu’Églises, ecclésiastiques, aumôniers ou autres accompagnants spirituels par l’État, la science et les corps professionnels qui revendiquent comme référentiel une logique scientifique[2], dont notamment la médecine :
« Evidence Based Spirituality » (EBS).
Dans la citation qui suit, remplacez le terme « médecine » par « spiritualité », et vous recevez ce qui risque d’être aussi demandé à l’aumônerie et l’accompagnement spirituel en général :
« La médecine fondée sur les faits se définit comme ‘l’utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des meilleures données disponibles pour la prise de décisions concernant les soins à prodiguer à chaque patient, […] une pratique d’intégration de chaque expertise clinique aux meilleures données cliniques externes issues de recherches systématiques’. On utilise plus couramment le terme anglais Evidence-Based Medicine (EBM), et parfois les termes médecine fondée sur des preuves ou médecine factuelle. Ces preuves proviennent d’études cliniques systématiques, telles que des essais contrôlés randomisés en double aveugle, des méta-analyses, éventuellement des études transversales ou de suivi bien construites.
D’abord développée comme un ensemble de techniques pédagogiques de lecture et d’évaluation de la qualité scientifique de la littérature médicale aujourd’hui pléthorique, l’EBM est maintenant utilisée par des gestionnaires, des cliniciens, et ce, pour des objectifs aussi divers que le renouvellement de la pédagogie médicale, l’aide au jugement clinique ou encore comme justification de programmes de rationalisation des ressources financières et matérielles dans l’organisation des soins. » (wikipédia, 31.7.12)
Un accompagnement spirituel qui se veut « scientifique », tel qu’ainsi défini, est une entreprise apologétique et un combat d’avance perdu.
Même en médecine le débat est ouvert. Ainsi, les généralistes, – confrontés d’abord à des personnes dans leur globalité, et non pas à des « cas » purement scientifiques -, contestent le réductionnisme d’une approche scientiste auquel sont exposés certains spécialistes :
« … des facteurs spécifiques influencent la décision dans le setting en Médecine générale, facteurs qui n’ont aucune importance dans le cadre des études projetées par des spécialistes. Et ce sont ces facteurs qu’il vaudrait la peine d’examiner de plus près.
La Médecine générale a sa propre lex artis[3]. Sa pensée est complexe alors que celle du spécialiste est au contraire linéaire … » (Pierre Périat[4])
L’allié « naturel »[5] de la spiritualité est l’art.
La question à reprendre est en conséquence :
Quelle est la « lex artis » propre à l’accompagnement spirituel ?[6]
Voici une tentative de réponse concrète :
L’accompagnement spirituel à l’Institution de Lavigny
Armin Kressmann 2012
[1] Comme l’EERV, l’Église évangélique réformée du canton de Vaud, risque de la faire lors du cinquantenaire du Séminaire de culture théologique.
[2] Sinon, dans une société qui conteste toute autre légitimité, quelles seraient encore la raison d’être et la pertinence de la religion et surtout de son subventionnement par l’État ?
« Ensemble de pratiques médicales généralement acceptées appropriées pour traiter les patients d’aujourd’hui. Par définition, évolue avec les progrès techniques de la médecine (voir les comités médicaux, la faute professionnelle), ainsi que les caractéristiques personnelles de chaque patient (voir la santé). » (wikbio.com, 31.7.12)
[5] Ce qui, ici, ne veut pas dire « scientifique », mais philosophique.
[6] Et quelle est la critique kantienne qui régit l’accompagnement spirituel, la première, – celle de la raison pure -, la deuxième, – celle de la raison pratique -, ou la troisième, – celle de la faculté de juger ?