Vous voulez voir Pâques? Vous voulez voir Dieu ?
Au-delà des œufs et des lapins en chocolat, des vacances scolaires et des quelques jours de congé, du printemps qui se manifeste, des jonquilles, des buissons et des arbres qui fleurissent et bourgeonnent ? Pâques chrétiennes ? Vous voulez vraiment savoir ce qui se cache derrière cette fête, telle que les chrétiens la conçoivent et la vivent ? Alors, vous devez vous tourner vers ce qui fait mal, la maladie et la souffrance, les injustices et les violences, la pauvreté et le dénuement. C’est là où se cache Pâques, portant sa croix et manifeste sur la croix, dans les troubles et les angoisses de la vie. Pâques, c’est avoir le courage de se tourner vers ceux qui affrontent la mort, ceux qu’on aime et qu’on voit partir ; si l’on ose regarder, comme les femmes, de loin. Les douze, ceux que nous croyions proches et que nous appelons disciples, les amis, l’ont déjà trahi, vendu, lui ont tourné le dos. Et même celui que nous appelons Dieu se tait. A Pâques s’installe le silence. Pâques, c’est faire le deuil de ce qui nous est cher, le plus cher, l’enterrer, puis attendre. Trois jours, c’est long, c’est une éternité. A Pâques s’ouvre le ciel, le voile qui sépare le sacré du profane se déchire et le jour se fait nuit. A Pâques nous perdons tous les repères, tous. C’est comme ça, pour celui qui envisage la mort.
Vous renoncez à voir Pâques ? Vous renoncez à voir Dieu ?
Alors là, vous êtes invités à revisiter les derniers lieu de la souffrance, à faire un pas de plus sur votre chemin de deuil. D’abord vous verrez, peut-être, qu’il n’y rien à voir. Le tombeau est vide ; ce ou celui que vous aviez enterré a disparu. Vous prenez peur ; que se passe-t-il ? Jusqu’à ce que vous tombez sur quelqu’un qui vous attend, dehors, et vous accompagne, vous explique, vous fait comprendre que ce vide qui vous angoisse peut se transformer en un lieu de naissance, de nouvelle naissance, non pas de ce ou de celui qui a disparu, mais de vous-même. Le tombeau peut se transformer en matrice. Pas de vide sans enveloppe, pas de creux sans ce qui porte en lui le creux, la main du creux de la main. Nous l’appelons ange, celui ou celle qui vous fait découvrir cette nouvelle réalité, messager d’une bonne nouvelle, d’une grande nouvelle, et le message, nous l’appelons résurrection. Les chrétiens disent que celui qui est mort sur la croix est ressuscité, présent, vivant, autrement. Pâques est la victoire de la vie sur la mort. Mais pour comprendre cela il faut attendre la Pentecôte, l’Esprit qui nous l’expliquera. Dans nos deuils, il ne faut pas brûler les étapes.
Bonnes Pâques, ces Pâques qui ne sont pas toujours joyeuses.
Armin Kressmann 2012