« Au fil de la vie – Pierrot découvre les fêtes chrétiennes »
Un livre sur les fêtes et les rites chrétiens, – les grands passages de la vie que sont la naissance, l’adolescence, le mariage et la mort ; particulièrement adapté aux familles, illustrations Amélie Buri
Je viens de revoir avec mon collègue aumônier catholique de l’Institution de Lavigny, Jean-Pierre Cap, le tableau des fêtes chrétiennes que j’avais fait pour usage au sein des groupes de résidents, avec l’intention d’articuler les significations religieuses des fêtes avec leurs rôles pédagogiques et éducatifs potentiels. Le consensus entre nous était large, avec cependant quelques différences, peut-être divergences, notables.
Ainsi nous étions d’accord :
- Pour ouvrir le débat entre les différentes professions entourant les résidents en institution socio-éducative de mettre en arrière-planla dimension de foi, – sans la renier, au contraire -, et de valoriser en premier lieu la valeur pédagogique et éducative de l’année liturgique, c’est-à-dire de la suite des différentes fêtes chrétiennes et leur alternance avec les temps ordinaires, le temps dit d’Église.
- De penser le tableau à partir des pratiques actuelles à l’Institution de Lavigny, tout en nous posant la question de changements en principe nécessaires pour répondre à l’ambition que nous avons.
- Ainsi, notamment le Carême (temps de la Passion), semaine sainte et temps de Pâques mériteraient d’être pas seulement mieux pensés, mais vécus et rythmés d’une manière plus claire et affirmative.
- De mettre davantage au centre Pâques et par conséquent la problématique pour les résidents omniprésente, et pas seulement pour eux, de la mort et de la vie (croix et résurrection).
C’est ici aussi que les différences de sensibilité se sont faits remarquer :
- Ce qui est Carême, – distinct de la semaine sainte, pour mon collègue catholique -, se focalise pour moi protestant dans la semaine sainte et tout particulièrement à Pâques, vendredi saint et le dimanche qui suit.
- Ce que nous avons peut-être négligé en tant que protestants du côté préparation de Pâques réapparaît du côté Jeûne fédéral.
- Le point probablement le plus important : ce qui est avancé autour de Pâques,
- du côté protestant le retrait du divin laissant apparaître sa pleine humanité (la croix),
- du côté catholique la manifestation du divin, notamment « manifeste » à travers les apparitions.
- On pouvait s’y attendre,
- le protestant insiste davantage sur la « négativité » de Pâques, la présence de l’humain dans sa pleine humanité, donc le silence de Dieu,
- le catholique sur sa « positivité », l’affirmation de la présence du divin dans sa gloire.
Ni l’un, ni l’autre et les deux ont raison (leurs raisons). Le principe catholique et le principe protestant (Paul Tillich) sont maintenus et respectés.
La discussion nous a amenés à la nécessité d’une différence à faire entre ce que Jésus de Nazareth, « Christ et Seigneur », a « vécu à Pâques » (la Pâque) et ce que ceux et celles qui étaient ses compagnons ont vécu à cette occasion. Cette distinction nous permettrait de relire les apparitions d’abord comme témoignages d’un vécu personnel, donc invitation à exprimer nôtre vécu (devant et avec le Dieu vivant), ensuite seulement, et pas forcément, comme « élément de preuve d’une réalité objective ». Le fait (« die Tatsache », selon Wittgenstein) serait d’abord une expérience subjective et non pas la résurrection objective du crucifié lui-même. Nous mettrions en conséquence davantage de poids sur les paroles et les comportements des disciples et des adversaires provoqués par les ou l’événement que nous appelons résurrection ou apparition.
En résumé : abandons la tentative vaine de vouloir prouver objectivement la résurrection du Christ pour nous tourner vers les réactions de ceux et celles qui ont vécu ce que nous appelons la résurrection du Christ, pour nous poser la question comment nous la percevons et vivons aujourd’hui.
Voici les deux tableaux des fêtes chrétiennes et de leurs significations,
Dans une prochaine étape il s’agira de mettre en évidence les divergences, non pas comme oppositions confessionnelles, mais comme paradoxes innés à la condition humaine dont témoignent les différentes confessions à leur manière.
L’utilité pour les résidents ?
A travers les fêtes et les récits les accompagnant affirmer le paradoxe qu’est l’amour inconditionnel là où l’amour inconditionnel est défié et ébranlé : l’abandon, le rejet, l’exclusion, les abus et les violences, c’est-à-dire la mise en situation de handicap.
Armin Kressmann 2012
PS J’invite mon collègue catholique à réagir … et vous comme lecteurs aussi