La théorie de la motivation selon Maslow, avec sa pyramide des besoins, a trouvé sa place en beaucoup de domaines, dont les soins, l’éducation, la vente, le management, etc. Sa conception des besoins, même critiquée, est probablement la plus utilisée. J’en profite aussi dans mes recherches sur la spiritualité et l’accompagnement spirituel, et si ce n’est que pour la contester par moment, notamment sur la hiérarchisation des besoins et, conséquence, la distanciation extrême entre les besoins physiques et les besoins spirituels, « l’accomplissement de soi » dans le vocabulaire maslowien. Ainsi, j’ai inversé sa pyramide et en le faisant rapproché le spirituel du corporel, la transcendance et l’immanence par excellence. Pour ces travaux j’ai essentiellement profité de littérature secondaire, comme on le fait souvent pour des auteurs devenus « classiques ».
Le moment est venu de laisser parler Abraham Maslow lui-même, en citant des extraits de son article de 1943 « A Theory of Human Motivation », repris et traduit en français dans Abraham Maslow ; L’accomplissement de soi, de la motivation à la plénitude ; Eyrolles, Paris 2004, p. 15ss :
« L’unité de l’organsime doit être l’un des fondements de la théorie de la motivation. » (p. 17)
« Les besoins humains obéissent à des hiérarchies. C’est-à-dire que l’apparition d’un besoin dépend généralement de la satisfaction préalable d’un autre besoin, qui l’emporte sur le suivant. » (p. 18)
« La situation ou le champ dans lequel l’organisme réagit doit être pris en compte, mais le champ seul suffit rarement à expliquer le comportement. » (p. 18)
Les besoins « physiologiques » (p. 20ss)
« Il ne fait aucun doute que ces besoins physiologiques sont les plus dominants de tous les besoins. » (p. 21)
« … qu’en est-il des désirs de l’homme lorsqu’il y a profusion de pain et lorsque sa panse est toujours pleine ?
Sur le champ, d’autres besoins (« supérieurs ») émergent et ce sont ces besoins, et non plus les besoins physiologiques, qui dominent l’organisme. Et lorsque ces besoins sont à leur tour satisfaits, d’autres besoins nouveaux (et « supérieurs » émergent et ainsi de suite. C’est ce que nous désignons lorsque nous disons que les besoins humains fondamentaux sont organisés en une hiérarchie de prépondérance. » (p.24)
Les besoins de sécurité (p. 25ss)
« Si les besoins physiologiques sont relativement satisfaits, alors émerge un nouvel ensemble de besoins, que l’on peut sommairement regrouper sous la catégorie des « besoins de sécurité ». Tout ce qui a été dit des besoins physiologiques est également vrai, bien qu’à un degré moindre, de ces envies. L’organisme peut tout aussi bien être sous leur emprise totale. Ils deviennent les organisateurs quasiment exclusifs du comportement, recrutant à leur service toutes les capacités de l’organisme, qui s’apparente alors à un mécanisme de recherche de sécurité. » (p. 25)
Les besoins d’amour (p. 31s)
« Si les besoins physiologiques et les besoins de sécurité sont relativement bien satisfaits, alors émergent les besoins d’amour, d’affection et d’appartenance ; et le cycle déjà décrit se répète avec ce nouveau pivot. » (p. 31)
« Dans notre société, des besoins d’amour frustrés constituent le noyau le plus fréquemment observé dans les cas d’inadaptation et les psychopathologies les plus graves. » (p. 31)
Les besoins d’estime (p. 32s)
« Tous les individus dans notre société (à quelques exceptions pathologiques près) ont un besoin ou désir d’évaluation élevée (en général), stable et fondée, d’eux-mêmes, un besoin de respect de soi, ou d’estime de soi, et de l’estime des autres. Par estime de soi « fondée », nous voulons dire reposant sur les compétences réelles, la performance et le respect des autres. » (p.32)
Le besoin d’accomplissement de soi (p. 33s)
Même si tous ces besoins sont satisfaits, nous pouvons néanmoins nous attendre souvent (sinon toujours) à ce qu’un nouveau mécontentement et une nouvelle impatience se développent bientôt, sauf si l’individu fait ce pour quoi il est compétent, doué. … Un homme doit être ce qu’il peut être. Ce besoin, nous lui donnons le nom d’accomplissement de soi.
(Cette expression) … renvoie au désir de réalisation de soi, c’est-à-dire la tendance de l’individu à devenir actualisé dans ce qu’il est … Cette tendance peut être formulée comme le désir de devenir de plus en plus ce que l’on est, de devenir tout ce que l’on est capable d’être. » (p. 33)
« L’émergence nette de ces besoins dépend de la satisfaction préalable des besoins physiologiques, de sécurité, d’amour et d’estime. … Dans la mesure où, dans notre société, les individus foncièrement satisfaits sont l’exception, nous ne savons que peu de choses de l’accomplissement de soi … » (p.34)
Armin Kressmann 2012
C’est peut-être pour cela qu’il n’est pas recommandé de prêcher la parole de Dieu à des affamés mais d’aller à l’essentiel en le permettant de combler un besoin plus immédiat et ainsi donc de prioriser chez eux la nourriture adéquate du moment et ce faisant nous permettre à nous les ventres pleins de sustenter un peu l’estomac vide de notre âme laquelle aurait besoin chez nous de développer ce réflexe du don pour nous introduire progressivement dans l’atmosphère de la divinité à fin de nous la rendre un tant soi peu plus concrète.