« Le code est dans l’angle », disais -je.
Allons jusqu’au bout, disons, contre toute attente probablement : la bible est scientifique ; dans ses parties les plus significatives elle observe, elle décrit, elle réfléchit et elle témoigne, dans son langage et dans son temps. Ce n’est pas de la biologie, ni de l’astronomie, peut-être même pas de l’histoire ou de la sociologie, en tout cas pas dans le sens moderne de ces termes. Mais de la science de la vie telle qu’est la vie, la vie des humains et des autres êtres.
Au-delà, face à l’essence, face à l’au-delà, donc la métaphysique, elle reste pudique. Elle se méfie de l’ésotérisme, elle lui oppose une théologie qu’on appelle traditionnellement « négative », la seule qui est positive, scientifiquement « vérifiable » (ou, pour rester poperien, pas « falsifiable ») :
Si vous voulez voir l’essentiel, voici la croix, et le creux d’un tombeau vide.
Ni plus, ni moins.
Mais cela, je sais, vous n’aimez pas le voir, ni penser le reste à partir de là ; c’est tout notre problème.
Donc, pour la bible, « l’essentiel », ce qui est au-delà de la science, appartient à la foi.
Ce qui se voit dérange, un savoir qui dérange, et ce qui range, et pourrait arranger, l’ultime, la connaissance, ne se voit pas.
Rien à voir qui plaît, pas de « spectacle » plaisant, juste le regard sur la vie telle qu’elle est.
Serait-ce la raison plus profonde du vide dans les Églises dont les membres ne sont invités qu’à observer, à décrire, à réfléchir (par eux-mêmes) et à témoigner, sans spectacle ? Même plus de miracle. Ou tout, ou presque, en tout cas l’essentiel ?
Philosophie et théologie seules devant ce qui parle : en situation de …
Armin Kressmann 2011