11.7 Quand le corps est esprit II – Handicap, structure, religion

Significations du handicap mental : 11.7 Quand le corps est esprit II – Handicap, structure, religion

Le corps est l’esprit et l’esprit le corps. Nous pouvons par une autre approche que l’inversion de la pyramide de Maslow arriver au même résultat. Dans sa particularité le polyhandicap nous confirme dans notre constat. Ceci n’est pas surprenant, avons-nous donc à faire avec des personnes hautement vulnérables dont leur compréhension de ce qui leur arrive, leur « Lebenswelt », nous échappe totalement. Tout ce qu’ils vivent se communique à travers leur corps, le meilleur et le pire. Depuis peu les chercheurs en la matière leur accordent une spécificité propre qui permettra peut-être de les reconnaître en tant que telles, personnes polyhandicapées comme une manière d’être au monde, comparable à celui d’une personne trisomique ou d’une personne intellectuelle. Pour expliquer ce lien très fort entre ce qui se passe au niveau cérébral, somatique, moteur et psychoaffectif ils parlent de « structure »[1], ce que j’appelle « Gestalt », et regardent comment cette forme évolue dans le temps. J’ai repris le principe pour le mettre en lien avec mes réflexions sur la vulnérabilité et la « capabilité », ainsi que sur les modèles bio-psycho-sociaux. Par la suite je l’ai généralisé et postulé que ce qui tient ensemble la structure et lui donne finalement « Gestalt », dans une forme religieuse (avec ou sans religiosité), est la spiritualité.

Handicap, structure, religion 1 :  La structure du handicap dans un modèle bio-psycho-social

Georges Saulus, polyhandicap, gradient structural

Handicap, structure, religion 2 : Conception structurale du (poly)handicap

Georges Saulus, degré de prégnance, gradient structural

Handicap, structure, religion 3 : Le handicap comme « Gestalt »

Spiritualité, « Gestalt » – forme, structure, configuration, système

Handicap, structure, religion 4: Spiritualité et religion, comment les distinguer (définitions) ?

Conception bio-psycho-socio-religieuse de l’être humain, spiritualité, religion, institution sociale, communauté

Voici les résultats les plus intéressants de cette recherche :

–         Ce qui évolue selon la courbe de vulnérabilité qui sépare vulnérabilité (les besoins) et « capabilité » (les capacités) est la structure, la forme ou la « Gestalt ».

–         Celle-ci correspond au « soi », le « self » ou le « Selbst » d’une personne donnée.

–         Il est de l’ordre spirituel.

–         Le spirituel est ce qui tient ensemble les différentes dimensions de l’être humain dans un modèle bio-psycho-social.

–         Ces dimensions sont le physique (corporel), le psychique (psychoaffectif), le social et, ce que je postule, le religieux.

–         Face à l’ultime, – le début et la fin de la vie, l’immanence et la transcendance, l’origine et la fin, la souffrance et la mort, l’au-delà, l’absolu, le destin, le sens, etc.[2] -, le spirituel pose la question, ouvre donc, le religieux y répond et concrétise, referme de nouveau.

–         En conséquence, le religieux, dans cette vision, n’est pas à confondre avec les religions. Celles-ci sont du religieux qui nomme consciemment et explicitement l’ultime et lui accorde une forme, on pourrait de nouveau dire « Gestalt » donnée. Le religieux peut prendre d’autres formes, « non-religieuses », en générale inconscientes, mais autant absolues.

–         Le spirituel, pour prendre cette métaphore qui lui est propre et le caractérise, est donc cette respiration qui tient par inspiration, le religieux, et lâche ou doit lâcher de nouveau, l’expiration.

–         Le religieux est en conséquence ce que retient l’individu du spirituel pour se construire lui-même, son identité propre.

–         Au niveau collectif le religieux se donne forme (« Gestalt ») dans des institutions telles que Maurice Merleau-Ponty les définit :

« On entendait par institution ces événements d’une expérience qui la dotent de dimensions durables par rapport auxquelles toute une série d’autres expériences auront sens, formeront une suite pensable ou une histoire – ou encore ces événements qui déposent en moi un sens, non pas à titre de survivance et de résidu, mais comme appel à une suite, exigence d’un avenir. »[3]

Armin Kressmann 2011


[1] cf. notamment Georges Saulus ; Modèle structural du polyhandicap ; Psychiatrie de l’enfance, vol. 51, no. 1, 2008

[3] L’institution dans l’histoire personnelle et publique, Le problème de la passivité : le sommeil, l’inconscient, la mémoire : notes de cours au Collège de France (1954-1955) ; Belin, 2003, p. 124

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