Dans nos cultes télévisés, sans en faire une sainte cène, nous voulions signifier le fait d’être ensemble, au-delà des différents lieux, par un partage de pain : le même pain partout, confectionné au même lieu, l’institution qui s’associe à la fête. Pour des raisons pratiques ce n’est pas possible ; le pain vient du boulanger qui fournit son pain habituellement à l’institution. Mais l’essentiel, le signe d’une même appartenance, sera maintenu.
Il s’avère maintenant que justement cet aspect-là, le lien symbolisé par le partage du pain, soit difficilement transmissible aux différents partenaires impliqués dans la préparation des cultes. Pour tous ceux parmi les professionnels qui limitent leur champ d’action au domaine qui leur est propre, l’idée que le pain ne soit pas seulement du pain, mais peut-être bien plus que du pain, n’est pas sensée. La séparation des différentes sphères d’action et de compréhension de la réalité humaine fait que celle qui s’occupe de la spiritualité devient incompréhensible.
Trois remarques s’imposent à moi :
- La « transdisciplinarité », telle que Georges Saulus la définit, devient de plus en plus importante et doit aussi s’appliquer à tout ce qui touche au spirituel.
- « L’expertise » en matière de spiritualité doit se faire et se manifester, au même titre que dans les autres spécialités, de la médecine, des soins, au psychologiques jusqu’au social.
- La hiérarchie des besoins de l’être humain, telle que déduite habituellement de la pyramide des besoins de Maslow par exemple, est à revisiter, voir à abandonner, et cela en faveur d’une vision où chaque aspect de la réalité humaine a une même importance. Qui dit que la santé physique soit plus importante que le salut de l’âme ?
« Erst kommt das Fressen, dann kommt die Moral » (Bertolt Brecht; Dreigroschenoper ; „La bouffe, ou la survie d’abord, la morale ensuite“)
ou
« L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur » (bible, livre du deutéronome, chapitre 8, verset 3 ; évangile selon Matthieu, chapitre4, verset 4)
Armin Kressmann 2010
