Dans un échange fort intéressant avec une collègue nous nous posons la question comment élaborer, d’une manière simple et imagée, une charte d’une association ou d’une organisation donnée. L’idée nous est venue d’utiliser l’expérience du jeu ou du sport qui, pour se dérouler en de bonnes conditions, ont besoin d’une part d’un cadre, – une infrastructure, un terrain par exemple et/ou des outils, et des règles -, d’autre part d’une disposition mentale des joueurs, – un certain esprit -, pour que le jeu se mette en place et se développe :
Une proposition comme support pour travailler :
La métaphore, l’image du jeu, jeu de foot par exemple, comme point de départ :
Que faut-il pour jouer ensemble ?
Un terrain : pour une charte – le cadre de l’organisation ou de l’ institution – qu’est-ce qui vient de celle-ci, une première dimension possible d’une charte, ce qui est donné par des objectifs, des cahiers des charge, des descriptions de poste, etc.
Des règles du jeu : les règles du vivre et travailler ensemble dans cette organisation ou institution – voilà une deuxième dimension d’une charte éventuelle, proche de la première.
Ici, lors d’un partage en sous-groupes, on peut établir les règles selon un certain nombre de catégories :
Pourquoi ? Qui ? Quoi ? Comment ? Où ? Quand ? Pour quoi, en vue de quoi ?
– Finalité : qu’est-ce qu’on cherche ?
– Attentes
– Attitudes et comportements
– Responsabilités et tâches
– Temps et espaces : horaires et lieu, etc.
Avec cela on est surtout du côté de ce que j’ai appelé « règlement ou directive ».
Mais les règles d’un jeu ne font pas encore le jeu ; on a aussi besoin :
D’un entraînement avec un entraîneur : le responsable avec son équipe, et l’esprit qui règne dans l’équipe : professionnellement on parlerait de déontologie, la fairness par exemple dans le sport (ce qui me rappelle le travail de John Rawls, « La justice comme fairness », équité en français), ce qui importe à l’équipe, la motivation et ce vers quoi elle tend – voilà une autre dimension possible de la charte.
Ensuite, encore davantage vers les fondements, l’origine du « sport » :
Qui ou quoi est à l’origine de l’organisation ou l’institution et qu’est-ce qui a motivé ceux et celles qui l’ont fondée – un travail de recherche historique – voilà encore une dimension de la charte.
Une charte définit les conditions pour qu’une vision ou un but se réalise dans un vivre ensemble, – une communauté, une association ou une organisation -, donc nécessaire, mais pas suffisante.
L’autre volet, encore plus fondamental, sont la motivation et les compétences techniques et relationnelles des membres du groupe qui se constitue autour et avec la charte. Sinon celle-ci reste lettre morte.
La charte constitue la dimension institutionnelle d’une association ou d’une organisation, la motivation et les compétences personnelles sa dimension communautaire . Enfin, la finalité, l’intention ou le but, ne se concrétise qu’en un jeu subtil dans lequel les joueurs, membres de l’association ou de l’organisation, usent au maximum de leur liberté à l’intérieur du cadre qui est défini, délimité par la charte.
Davantage, l’espace de liberté est donné par le cadre, la liberté des uns et des autres seulement rendue possible par lui. Loi et esprit de la loi sont interdépendant ; ils se renvoient la balle.
Armin Kressmann 2010